The Wire - Saison 5 - à partir du 6 Janvier...

Publié le 12 décembre 2007 par Vincent Gache


Le taf, le taf, toujours le taf... et HBO qui en plein milieu de ces semaines consumantes, vient raviver nos esprits en annonçant la date de diffusion de la 5ème et ultime saison de The Wire, cette date très importante du 6 Janvier 2008.
Laissez moi modestement vous conter la fabuleuse histoire de The Wire...

La série se déroule à Baltimore, ville située dans le Maryland, proche de Washington et Philadelphie.
David Simon, journaliste qui y couvrait les affaires policières au Baltimore Sun durant douze ans, décide de mettre en scène ce qu'il a vécu tous les jours et de décrire la spirale infernale dans laquelle sa ville est en train de s'enfoncer.
La réalité de la ville est bien sombre. Les quartiers pauvres s'enfoncent dans la drogue et la misère. Tenus par de puissants barons qui ont grimpé les échelons grâce à leur descendance et leur influence, la loi de la jungle domine.
Véritablement, si vous voulez comprendre ce que c'est que de vivre dans "les quartiers", je crois que The Wire vous ouvre une force de démonstration à ce propos qui n'a pas d'équivalent.
Bien sûr, on peut le limiter au fait que la France ce n'est pas les Etats Unis et vice-versa. Mais je crois que les problèmes que traversent ces quartiers, le chomâge, la drogue, les peu de moyens publiques accordés, le faible niveau d'éducation, les conflits bureaucratiques, n'ont pas vraiment de frontières dans nos cultures occidentales, et font irrémédiablement échos lorsqu'ils y sont évoqués dans les journaux.
De part l'expérience de Simon à travers la ville et ses difficultés, nous obtenons ainsi une série ultra réaliste et juste.
L'histoire prend place sur plusieurs fronts.
Tous d'abord du côté des jeunes des quartiers. On découvre leur mode de vie, leur organisation, ce qui fait que certains arrivent à y survivre, quelles sont les valeurs qui y dominent?
On pourrait penser bêtement que ces gens se comportent de cette façon parcequ'ils sont comme cela et qu'il n'y a rien à y faire.
Cependant, la série nous montre que ce n'est pas exactement le cas. D'Angelo Barksdale, par exemple, est loin d'être stupide, est loin d'être "un méchant garçon" sans états d'âme. Mais le fait qu'il est vécu toute son enfance dans ce milieu en ayant comme Oncle le parrain de la drogue locale, a rendu sa voie toute tracée. Le groupe le rattrape toujours. Si il essaye d'en sortir ou de le trahir, c'est la mort qui s'en suit car il en sait trop et représente donc un risque pour sa pérénnité.
La saison 4 va d'ailleurs plus loin et insiste pas mal sur cet enrolement des jeunes et ce qui les amènent à choisir la voie du gang plutôt que de l'éducation.
A vrai dire, le système ne les y encourage pas beaucoup. L'obsession du chef d'établissement n'est pas de cultiver ses élèves mais de faire en sorte qu'ils réussissent l'examen de fin d'année et qu'en fonction du taux de réussite et donc de la place de l'école fasse à ses concurrentes, elle ramasse un maximum de subventions.
Il y a donc déjà un problème d'objectifs.
Du fait que la réussite de l'école prime sur celle des élèves, elle devient par extension complètement inefficace dans le sens où seuls ceux qui le peuvent, arrivent à en profiter pleinement. Elle délaisse complètement son rôle d'éducation à ceux qui ont décroché, c'est à dire une grande majorité, au profit de celle de la rue. Les parents pauvres confient leurs enfants à un système qui n'assume plus la responsabilité de ce pour quoi ils les ont confié. Il y a même les cas où les parents sont eux même liés au réseau criminel auquel cas, ils forcent leur enfant à écumer les corners (coins des rues où deale les jeunes) pour maintenir la respectabilité de la famille au sein du gang et surtout s'assurer une meilleure rentrée pécunière que ne serait leur offrir l'école à court terme.
Elle a ainsi complètement perdu son rôle d'ascenseur social. J'ai même l'impression que la série nous montre que plus les problèmes s'accumulent, plus elle baisse les bras devant les moyens financiers et l'engagement qu'ils demandent pour les résoudre.
Mais sur ce point la série n'est également pas en défaut. La où bon nombre critique, critique, sans jamais apporter de solutions, elle, elle tente justement d'en démontrer concrêtement.
A l'école par exemple avec ses personnages la série essaye de faire bouger les choses. On met en place des classes spéciales pour accompagner les élèves les plus en difficultés, on flique les absents(on voit l'école aller les chercher elle même dans la rue!). Les professeurs s'interessent à eux, à leurs difficultés. Ils adaptent ainsi leur comportement et leur pédagogie en fonction d'eux. Il n'y a pas nécéssairement besoin de beaucoup pour réussir, ni de grandes idées. Simplement d'un peu de volonté.
D'ailleurs l'influence du gang et de son business ne s'arrêtent pas aux quartiers qu'il controle. Comment une organisation aussi importante peut elle echapper à la police? Sans doute parce qu'elle possède une protection à l'échelon politique avec quelques dollars arrosés ici et là, à quelques sénateurs...
C'est ici un autre point abordé par The Wire: la politique. La drogue a une incidence sur sa vie. L'état des lieux est d'ailleurs plutôt inquiétant. Tommy Carcetti, candidat à la mairie, nous le fait vivre à travers sa campagne.
A vrai dire Baltimore n'interesse personne. Du coup, peu importe les problèmes tout le monde s'en fout. L'ampleur de la considération accordée par le Gouverneur à cette ville témoigne de la préoccupation qu'elle suscite au plus haut niveau.
Gros budget, avec la délinquance grimpante, celui des services de polices.
Ils sont également au coeur de la série. On se lance avec eux dans la traque des gangs et on découvre l'ampleur de l'organisation et surtout sa portée qui ne s'arrete pas aux quartiers qui ne sont que la partie emergée de l'iceberg.
En quatre saison, nous ne sommes pas encore arrivé au bout.
En plus de cela, les bagarres internes entre services freinent les possibilités "d'assainissement" de la ville.
Il y a le Commissaire qui ne pense qu'a ses taux d'élucidation. Pour lui un cadavre en plus, signifie sa baisse et donc une moins bonne appréciation de son travail pour ses supérieurs.
Ses supérieurs (prefet et maire) qui eux ne pensent qu'à l'image de la police vis à vis des citoyens et dans les journaux. D'où la nécéssité d'avoir de bonnes statistiques.
Il y a aussi les conflits entre services de différents secteurs de la ville. Entre l'Est et l'Ouest.
Il y a les conflits entre la police et la justice.
Bref, il y a tout pour décourager le travail des policiers.
Et la série nous montre ainsi que non seulement il est difficile de lutter contre les gangs de par leur ampleur, mais que la police elle même se met les batons dans les roues pour tenter de les enrailler.
Découpée en cinq saisons, l'intrigue explore donc tous les aspects des organisations criminelles.
Chaque saison explore différentes parties d'activité.
Le début de la série ne parait d'ailleurs pas très séduisant. Vous allez la trouver assez compliquée, avec beaucoup de personnages et une histoire à priori pas folichonne.
Mais le début n'est qu'une mise en place. Ca parait compliqué à cause du flot d'informations et de la découverte de tout un environnement qui demande un petit effort.
La machine se lance à partir du quatrième épisode je dirais. C'est à ce moment là que les enquêtes de polices, les écoutes, les opérations sont lancées. C'est à partir de là que les personnages s'etoffent et que l'on comprend réellement ce qu'il se passe.
Les inspecteurs de police ne sont d'ailleurs pas plus au courrant que nous. Il avance dans l'histoire comme nous.
La lenteur apparente du début n'est également qu'une illusion. Dans The Wire toutes les scènes sont necessaires. Toutes.
Les épisodes sont donc denses et tous très interessants parce que justement tout est à voir. Chaque scène fait avancer les précédentes donc tout bouge en permanence.
Si je devais recommander une série ce serait celle là. C'est certainement la plus aboutie.
Les critiques que vous pourrez lire sur Internet se chargeront de vous rappeler combien cette série est divine.
L'erreur à ne pas commettre c'est de s'arrêter au début.
Voilà, se termine ce mini dossier. J'espere avoir été le plus juste possible parce que la série est tellement riche que l'on peut y dire beaucoup de choses et les interpreter de façon différentes.
La saison 5 est la dernière pièce de ce bijou et c'est donc le 6 Janvier.
Des liens:
   - le site
   - prequels à la saison 5
   - les vidéos youtube
   - un résumé des critiques (cf. Critical Response)