Le Bisphénol A interdit... mais uniquement dans les biberons

Publié le 25 juin 2010 par Bioaddict @bioaddict

"Depuis les années soixante, le BPA est très largement utilisé dans la fabrication industrielle par polymérisation de plastiques de type polycarbonate et dans celle de résines époxydes. En 2006, la production mondiale s'élevait à environ 3,8 millions de tonnes, utilisées aux deux tiers pour la fabrication du polycarbonate et pour un tiers pour celle de résines. Le BPA n'est donc pas un additif ou un plastique mais le constituant de base du polycarbonate.

- Le polycarbonate a connu un grand succès industriel du fait de ses propriétés : transparence équivalente au verre, surface extrêmement lisse, rigidité, résistance aux chocs et inaltérabilité. Ses utilisations sont très variées : un tiers de la production est destiné à l'optique, 23 % à l'électronique, 13 % à la construction (vitrages, toitures...), 9 % à l'équipement des automobiles, 3 % à l'équipement médical et 15 % à des mélanges destinés à diverses industries. En outre, 3 % du polycarbonate produit dans le monde sont utilisés dans les bouteilles et les emballages alimentaires.

- Les résines époxydes sont également largement utilisées dans l'industrie et dans les produits de consommation courante, principalement comme revêtement intérieur, par exemple pour les réservoirs et tuyauteries contenant du fer. 11 % de ces résines sont utilisées dans le contact alimentaire, fûts, boîtes de conserve et canettes, pour protéger le contenu du matériau externe (fer, aluminium...).

Au total, le BPA est présent depuis plus de quarante ans, dans de très nombreux produits de la vie courante : CD, équipements électriques, pièces automobiles, vitrages, toitures, appareils médicaux, lunettes de soleil, mais aussi biberons, bouilloires, bombonnes d'eau, fûts, boîtes métalliques, y compris les boîtes de lait en poudre pour bébés". (source : Sénat.fr)


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L'Assemblée nationale a voté ce mercredi 23 juin l'interdiction du bisphénol A (BPA) pour les biberons. En revanche, le composé chimique classé toxique pour la reproduction est toujours autorisé dans les autres plastiques alimentaires.

Enfin une bonne nouvelle... en demi teinte cependant.

Les enfants ne risqueront plus d'absorber du bisphénol A classé comme substance "préoccupante pour la fertilité de l'espèce humaine" en raison "d'effets toxiques possibles mais non démontrés sur la reproduction", selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) au contact des biberons.

Lire "Le bisphénol A, utilisé dans les plastiques et biberons est toxique"

" La fabrication, l'importation, l'exportation et la mise sur le marché à titre gratuit ou onéreux de biberons produits à base de bisphénol A sont suspendues jusqu'à l'adoption, par l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments, d'un avis motivé autorisant à nouveau ces opérations ", indique l'Assemblée nationale.

Mais alors que la Ligue contre le Cancer a lancé mardi dernier une pétition pour exiger"sans délai l'étiquetage "présence de bisphénol A" sur tous les produits contenant cette molécule", et l'interdiction définitive du BPA dès le début de l'année prochaine, l'amendement du député Gérard Bapt, qui visait à étendre l'interdiction à tous les contenants alimentaires (avec mise en oeuvre au 1er janvier 2012), a été rejeté.

Pour André Cicolella, porte-parole du Réseau Environnement Santé, " cette décision est illogique ". " Ni la Secrétaire d'Etat, ni le rapporteur, n'ont répondu à la question de la cohérence de la proposition de loi. Il est en effet absurde de vouloir protéger les nourrissons nourris via les biberons et de ne pas se préoccuper des nourrissons nourris au lait maternel ou au lait maternisé ", ajoute-il. En effet, l'Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) reconnaît elle-même qu'ils sont en moyenne 10 et 20 fois plus contaminés.

" L'intoxication du nourrisson est générée 10 fois plus par le lait maternel et 20 fois plus par le lait maternisé que par le biberon lui-même ", explique l'étude de l'Afssa.

Lire "L'Afssa recommande un "étiquetage systématique" sur les emballages contenant du bisphénol A"

La meilleure façon d'éviter de contaminer le lait maternel est donc d'éviter la contamination maternelle pour le RES. " Ceci aura aussi pour effet de protéger le foetus, ce qui est le problème majeur ".

Un rapport sera présenté par le gouvernement au Parlement, au plus tard le 1er janvier 2011. Ce texte devra indiquer les mesures déjà prises et celles envisagées pour diminuer l'exposition humaine aux produits qualifiés de perturbateurs endocriniens.

En attendant, la secrétaire d'Etat à l'écologie, Valérie Létard, a annoncé que le ministère de la Santé publiera en juillet une plaquette à destination des femmes enceintes pour éviter l'exposition au BPA.

Ceci étant, selon André Cicolella, porte-parole du RES " c'est bien d'informer les femmes enceintes, mais c'est encore mieux d'éviter qu'elles ne soient contaminées, car toutes ne seront pas informées du risque et les plus à risque seront les moins favorisées ".

Un Appel européen a été lancé hier par 60 scientifiques et ONG à l'attention de l'AESA (Agence européenne de sécurité des aliments) pour " mettre fin à la contamination de la quasi-totalité des foetus et des nourrissons allaités par une substance toxique comme le bisphénol A ", souligne le RES qui considère que c'est aujourd'hui une mesure de protection de la santé publique urgente.

Emilie Villeneuve