Prison valley : un webdocumentaire et un road-movie

Publié le 20 mai 2010 par Daidy

Prison valley est un webdocumentaire produit par Upian et Arte, qui se passe dans Canyon City, la vallée aux 13 prisons. Les auteurs, David Dufresne et Philippe Brault, décrivent l’industrie des prisons et dénoncent plus largement une société où domine l’incarcération de masse.

Au-delà du contenu, passionnant, c’est bien sûr la forme de ce documentaire qui attire l’oeil… un « web » documentaire, ça veut dire quoi ? Prison valley est un film de 59 minutes, diffusé par ailleurs sur Arte, qui a été mis en scène de façon non-linéaire. L’internaute a le choix de suivre le docu comme un film, en enchaînant les séquences après les autres. Mais ce serait manquer ce qui fait l’originalité de cette nouvelle forme d’écriture journalistique : les bifurcations, les chemins détournés. A la fin de chaque séquence vidéo de 3 ou 4 minutes, l’internaute a le choix de continuer sa route, de s’attarder sur le lieu ou de revenir au motel où, comme dans un jeu vidéo d’aventure, il lui est possible de consulter par exemple les « indices » qu’il a récolté, pour approfondir tel ou tel point abordé, passer plus de temps avec un acteur local.

Une immersion dans le sujet qui laisse l’impression de mener l’enquête avec les journalistes. Le style road-movie, la narration à la première personne du pluriel « nous », implique d’autant plus l’internaute dans l’aventure. C’est d’ailleurs toute l’interface, variée, bien pensée, qui colle parfaitement au sujet et donne à ce produit, dont le centre reste l’audiovisuel, une réelle tonalité de parcours interactif.

Cerise 2.0 sur le gâteau, il est possible d’interagir sur les forums avec les autres internautes, de laisser une trace sur Facebook et Twitter de notre périple virtuel, et même de dialoguer avec les protagonistes rencontrés dans le docu !

Dans un article sur le site Owni, Vincent Truffy livre un schéma de la structure de Prison valley, une construction en arête de poisson, c’est-à-dire où tout repose sur la colonne vertébrale de produit audiovisuel, et introduit des bifurcations ponctuelles, sortes de notes de pages qui constituent un moment à la marge du texte, pour mieux y revenir ensuite.

Bien sûr, on aurait préféré une structure où la multi-séquentialité aurait été exploitée à fond. Nul doute qu’une narration hypertextuelle constitue le défi à relever pour ce genre émergent…