Il est l'un des derniers grands missionnaires jésuites, héritier d'une tradition et d'une histoire commencée au XVIe siècle avec saint François Xavier. Parachuté dans un pays gouverné par les Anglais et les maharajahs, il a été de tous les combats en Inde : la modernisation du pays après l'indépendance, sous l'impulsion de Nehru, les conquêtes sociales de ceux qu'on appelle les intouchables, les "dalits"... A son arrivée à Chennai, en 1937, il apprendra le tamoul et le sanskrit. En 1945, il est ordonné prêtre et est chargé de l’association des étudiants catholiques de l’Inde.
Pendant des
Pour faire face au problème de l’eau dans les campagnes, le Père Ceyrac lance l’opération "mille puits" dans le Sud de l’Inde, début du projet " LEVE TOI ET MARCHE ". Et comme pour démontrer que "là où l’intelligence n’a pas accès, l’amour seul peut donner la clé", Ceyrac et ses amis construisent une ferme modèle sur un terrain extrêmement aride et relèvent l’incroyable défit d’y faire pousser des cocotiers. Ce désert fertile situé à Manamadurai (au sud de Madurai) fera vivre plus de 250 000 personnes et deviendra la meilleure ferme productrice de goyaves de la région. A l’instar de mère Térésa avec laquelle il a travaillé, Pierre Ceyrac donne sans limites. Aimer, dit-il, c’est se donner aux autres avec grand respect jusqu’à leur offrir sa vie. « C’est aussi savoir être tendre. Plus celui que l’on aime est pauvre, plus il faut lui donner de la tendresse. Enfin pour aimer il faut toujours penser " nous " et jamais " eux " : il faut savoir faire confiance et " responsabiliser jusqu’au bout ".
Aujourd’hui, la
« On dit qu'en inde, il y a 300 millions de pauvres. Mais on confond tout ! La pauvreté peut être très grande, très belle. C'est la misère qui est à craindre, parce qu'elle enlève toute dignité. » Ce que combat le P. Ceyrac, c'est bien sûr la misère. Mais il le fait à sa manière, en se « promenant », au gré de rencontres étonnantes qui peuplent sa mémoire. Chaque fois, il se dit « plus jamais ça », met la main à la poche et se lance dans un nouveau projet, pour lequel il n'a pas le premier sou. « Je suis souvent bouleversé par une colère », admet-il.
Prêtre, jésuite missionnaire, bâtisseur, le Père Ceyrac aura été un homme d’action et un homme de rêve accompli. Il disait fort justement : « Il faut rêver des rêves. Les grands hommes sont ceux qui ont des visions et des rêves. Ensuite, il faut l'amour pour transformer ces rêves et les faire vivre».