Anthologie permanente : Nimrod

Par Florence Trocmé

Nimrod publie Babel, Babylone, aux éditions Obsidiane.(présentation de ce livre
 
 

 
Je suis un paysan sans pays. On m’a volé mes terres, 
On m’a volé la terre. 
 
Nos maisons ont des peaux d’éléphant : 
Elles sont perforées de murmures, 
 
Je les salue très bas. Je connais ma chance, 
Je connais le seuil, l’arbitre des élégances. 
 
J’envie le porteur de foin, le rempailleur d’espérance. 
Je n’ose le comparer à la cellulose, douceur innée du monde. 
 
L’herbe étouffe les obus, l’herbe et son mortier de boue. 
L’herbe a oublié le parfum d’infini, sa prime demeure. 
 
Nus avons entrepris de la chauler, nous avons blanchi la parole, 
Aussi vrai que nous parlons la langue des autres depuis l’origine.  
 
Je connais ma chance, je connais le seuil, l’arbitre des élégances.  
 
• • • 
 

 
Au loin, le remugle des cochons. Comme ces derniers, 
Nous ne dormons jamais que sur des litières de paille. 
 
Nous reniflons le pays. Le vendeur d’eau à la criée 
Viendra déverser sur nous une douche bienfaisante. 
 
Vendeur d’ondes, vendeur de paille, pourvoyeurs d’infini, 
Tous hommes de peine, tous magiciens du jouir.... 
 
 
Nimrod, Babel, Babylone, Obsidiane, 2010, pp. 63 et 64 (13,5 €) 
 
 
bio-bibliographie de Nimrod 
 
 
 
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