A l’occasion de la sortie de son nouveau livre,"Vers la sobriété heureuse", Pierre Rabhi a accepté de nous (magazine féminin bio) rencontrer pour nous parler de ce concept enthousiasmant, qu’il applique au quotidien depuis longtemps.
AG - Comment en êtes-vous venu à développer le concept de sobriété heureuse ?
AG - En quoi consiste-t-elle ?
Regardez autour de vous : les gens ne sont pas heureux, car ils veulent avoir toujours plus. C’est le système actuel qui créé cet état permanent de manque. Je pars du principe qu’avec la surabondance, nous ne sommes pas heureux. Aujourd'hui, il y a une performance à réaliser : satisfaire à nos besoins par les moyens les plus simples et les plus sains.
AG - Comment est-ce possible dans une société où nous sommes assaillis par la publicité ?
Il faut être convaincu que dans la sobriété, on trouve la libération. La sobriété est une délivrance par rapport au toujours plus. Il faut que chacun comprenne par soi-même qu’on ne peut pas atteindre la satisfaction permanente puisqu’il est fait en sorte que l’on ne soit jamais satisfait. Aujourd'hui, le superflu est immense, et déséquilibre tout. La sobriété permet de le repérer et de s’en séparer. Je pense que la décroissance est en route, il faut l’accepter et la voir comme une chance.
AG - Quelle place consacrez-vous à la nature dans la quête du bonheur ?
La nature est fondamentale dans la quête du bonheur. Quand on parle de la nature, il faut toujours penser à soi, car l’homme est un mammifère et dépend de la nature. Donc, être attentif à soi, c’est déjà découvrir la nature.
AG - C’est donc par là qu’il faut commencer ?
AG - Cette vision de la nature n’est pas très répandue…
On doit beaucoup aux écologistes, et j’estime leur travail. Mais je pense que l’écologie politique a trop matérialisé l’écologie, en ne prenant en compte que l’aspect pondérable. Il y a une dimension d’admiration qui a été oublié.
AG - Votre message rejoint celui des religions, non ?
Dans le sens où je pense que la création est merveilleuse, oui. Mais il y a une contradiction entre dire que la nature est une création divine et ne rien faire pour la protéger. Les religions devraient être les premiers écologistes, ce n’est pas du tout le cas. Le catéchisme devrait apprendre aux enfants à s’émerveiller de la nature et à respecter la vie, or on en a fait une chose totalement abstraite.
AG - Etes-vous croyant ?
J’ai été musulman et chrétien, mais aujourd'hui, je ne me sens pas relié à une religion particulière. La dimension spirituelle de ma réflexion s’est profondément élargie avec l’écologie car elle m’amène à admirer la nature et la vie, et donc, l’œuvre divine. Je me suis aperçu que la sobriété heureuse pour moi, relève résolument du domaine mystique et spirituel. Celui-ci par le dépouillement intérieur qu’il induit, devient un espace de liberté, affranchi des tourments dont nous accable la pesanteur de notre mode d’existence.
Retrouvez Vers la sobriété heureuse le livre de Pierre Rabhi et le mouvement Colibris co-producteur du film de Coline Serreau "Solutions Locales pour un désordre global".