Dentifrice

Publié le 30 juin 2010 par Malesherbes

Si l’on en croit Métro, Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, aurait déclaré mardi 29 au Journal télévisé de France 2 : « Quand il fait un voyage officiel, Nicolas Sarkozy paie lui-même son dentifrice ». Je n’ai bien sûr pas le moyen de vérifier cette affirmation mais je la trouve bien singulière.

Si M. Lefebvre avait dit « Nicolas Sarkozy emporte avec lui son dentifrice », on aurait compris que, confectionnant son bagage, notre souverain prenait bien soin d’y inclure le tube de dentifrice qu’il utilise quotidiennement. Mais, puisque ce distingué porte-parole a employé l’expression « paie lui-même », il nous faut bien comprendre que notre Président fait en personne l’acquisition de cet objet de toilette pendant son voyage.

C’est là que cette déclaration commence à ressembler assez fortement à une fable. Comme, pour des raisons évidentes de sécurité, Nicolas Sarkozy n’emprunte jamais de transport en commun, pas même de taxi, on l’imagine mal intimant à son chauffeur l’ordre de s’arrêter devant une pharmacie, d’y entrer, choisir son dentifrice et mettre la main à la poche vide de toute monnaie pour régler son achat.

Là où l’histoire bascule dans le conte, c’est lorsque que l’on envisage le cas où notre Président n’a pas eu le temps de faire cette emplette en France et que, pour la réaliser dans quelque pays étranger, du côté de chez Angela, il lui faille démontrer son étincelante habileté à pratiquer la langue de communication la plus répandue en Occident, le sabir américain.

Pour couronner le tout, il se trouve que les hôtels fréquentés par nos éminences, tels nos politiques ou nos footballeurs, mettent à la disposition de leurs hôtes un nécessaire de toilette complet avec gel douche, savon, dentifrice, crème à raser, brosse à dents, shampoing, chiffon lustrant, kit de couture, et j’en passe. Comment donc, dans un tel luxe, utiliser son dentifrice ?

Je n’ai pas pris le temps de faire le calcul mais il me semble que, avec les 176 millions d’euros dépensés pour l’aménagement de l’Airbus 330 destiné au confort de notre Président si économe et si soucieux d’être exemplaire, on peut faire face à la consommation de quelques millénaires de pâte dentifrice.

Un mensonge ne peut remplir son office qu’à condition d’être vraisemblable. Malgré une longue pratique, il me semble que le sieur Lefebvre a dans ce domaine d’immenses possibilités de progression.