Portrait décevant d’une rebelle

Par Borokoff

A propos de Millenium 2 – La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette de Daniel Alfredson 2 out of 5 stars

Dans ce deuxième volet adapté de la saga écrite par l’écrivain suédois Stieg Larsson (1954-2004), l’accent est mis sur la personnalité et l’enfance pour le moins troubles de Lisbeth Salander. Au cœur d’une manipulation très bien organisée, Lisbeth est obligée de fuir et de se cacher mais elle peut compter sur son ami de toujours, l’écrivain et journaliste Mikael Blomkvist…

Incontestablement, Millenium 2 – La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette est moins brillant et a moins d’allure que le premier opus. Plus lent, plus laborieux dans son développement, il souffre d’un nombre trop grand de micro-péripéties et de détails qui, au lieu de faire rebondir le scénario et rendre palpitante l’intrigue, compliquent l’histoire (surtout vers la fin) et ralentissent son rythme. Certains épisodes paraissent même un peu confus vers la fin. Sans doute parce que Daniel Alfredson a voulu être très (trop ?) fidèle au livre.

Mais la relation ambigüe de Mikael avec Lisbeth (n’est-il pas amoureux d’elle ?) n’est pas assez fouillée. Chaque épisode de la trilogie de Larsson est indissociable du contexte et de l’Histoire de la Suède (son passé nazi entre 1939 et 1945 dans le premier opus, la question de l’immigration et de l’asile politique offert à des ressortissants russes dans les années 70 dans le second). La mise en scène n’insiste pas assez non plus sur cet aspect.

Millenium 2 – La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette est moins élancé que le premier épisode. Davantage centré sur la personnalité de Lisbeth (toujours très convaincante Noomi Rapace), il décrit les traumatismes qui hantent la jeune femme et ses cauchemars.

Violée plusieurs fois, Lisbeth est terrorisée par le souvenir du martyre qu’elle connut à l’âge de 13 ans lorsqu’après avoir immolé son père, qui battait régulièrement sa mère, un psychiatre décida de la guérir en appliquant des méthodes de guérison barbares. Dignes en tout cas d’un tortionnaire. Mise au supplice depuis son plus jeune âge, Lisbeth est une jeune femme de 28 ans dont la vie ressemble à un calvaire, un chemin de croix parsemé de terreur et d’immondices. Où revient toujours la figure du père, un salaud et un lâche dont Lisbeth ne peut effacer malgré tout (et parce que c’est son père) le souvenir de sa mémoire.

Mais là aussi, la mise en scène en fait trop et en rajoute dans l’hémoglobine, le pathos et les détails sordides, finissant par donner au film une note un peu grotesque. Il y  a une surenchère d’effets qui vire au « gore » et provoque l’effet inverse de l’empathie voulue pour Lisbeth. La mise en scène n’est pas assez elliptique (trop de micro-scènes). Lisbeth devient une sorte de martyr mais surtout une victime sur qui tout le malheur du monde semble  s’abattre. Comme si elle attirait la fatalité. Tour à tour violée, battue, torturée, souillée, enterrée vivante…

C’est un peu « too much ». Manquent les nuances, le recul malgré des pointes d’humour ça et là (à table, en famille, la mère de Mikael lui demande : « C’est bien, Mikael, de connaitre quelqu’un, mais pourquoi ne te maries-tu pas ? Réponse de l’intéressé : « Parce qu’elle est déjà mariée, maman »… ). Millenium 2 – La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette n’a pas la même élégance que le premier épisode, qui était beaucoup mieux construit. Plus enlevé surtout…

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