Moïse l'enfant sauvage

Publié le 04 juillet 2010 par Lorraine De Chezlo
de Stéphane Soularue Bande dessinée - 108 pagesEditions Rackham - février 2010
Sous un viaduc inquiétant, dans un carton, un petit enfant qui respire... Il est recueilli par un couple de gitans qui décide de l'appeler Moïse et de le prendre en charge au sein de leur communauté. Mais cet enfant inquiète, il a des comportements agressifs de sauvage, un caractère presque animal. Pour les gitans qui l'ont adopté, les ennuis commencent... et un jour ils l'abandonnent à leur tour, devant une école. C'est alors que le (prof ?) retraité Bernard l'emmène chez lui, l'appelle Maurice en hommage à Maurice Thorez, et décide de prendre en charge son éducation humaine et politique, en marge du système éducatif d'état. Maurice/Moïse est toujours violent, écorché vif. Un jour, une invitée fait son apparition, une fille, une sans-papier africaine que Bernard accueille pour aider les parents de celle-ci. Pour Moïse, une parenthèse enchantée dans son enfer, mais quelle influence aura-t-elle sur lui ?
Moïse n'est pas un gentil prophète qui rassemble, Moïse n'est pas un mignon bébé joufflu. Moïse est un enfant sauvage dont on ne connaît rien de la naissance et de ses premiers jours qui l'ont manifestement rendu agressif, à fleur de peau, à jamais écorché. Moïse frappe, détruit, mord, Moïse souffre. Il y a le roman noir et il y a le roman graphique noir. Aucune concession ici, aucune fleur, aucune couleur. Le trait est noirci, tranché, les ombres sont nombreuses et il n'y a pas de demi-ton. Cinglant. Noir c'est noir, il n'y a même pas d'espoir. Ou si peu, avec l'arrivée de Samoura, la déesse noire, plus âgée que lui, plus libre et rebelle aussi. Une admiration, de l'amour peut-être, enfin des sentiments. Mais elle repartira vite. Alors comme les êtres perdus, peu gâtés par le destin, il restera en perpétuelle lutte contre l'entourage et contre lui-même et il se cognera à plus forts que lui, qui sauront le charmer, l'entraîner peut-être vers les paradis imaginaires de la foi, du combat islamiste....Peu d'espoir je vous avais dit. C'est violent, je vous aurais prévenus. Mais ça vaut le coup de prendre cette claque..
Parabole sur la violence et l'exclusion - Les éditions Rackham