Allergie au gluten : un effet de mode ?

Publié le 03 juillet 2010 par Marine8888

Se pencher sur les petites misères médicales que nos pays développés décortiquent à l’envi, apporte un éclairage intéressant sur notre rapport au corps… corps médical, corps social, corps physique…. Dans cette analyse, je ne m’aventurerai pas aujourd’hui mais la lecture d’un article intitulé « Sommes-nous tous allergiques au gluten ? » m’a paru révélateur de ces nouveaux symptômes qui oscillent entre vraie maladie et tendance à l’hypocondrie. Les allergies en portent la marque et l’allergie au gluten est dans l’air du temps. Tant et si bien que certains restaurants commencent à proposer des menus sans gluten. Mais il faut replacer cette intolérance dans un contexte plus large qui est l’augmentation des allergies en général.

François Spertini, médecin chef de la division d’immunologie et d’allergie dans un établissement hospitalier voit passer dans son service un nombre croissant de personnes qui se pensent allergiques au gluten. Effet de mode dit-il, traduction d’un mal-être plus global, le spécialiste n’a pas de réponse toute faite :

«  Un certain nombre de personnes expliquent leur mal-être général par une allergie ou une intolérance au gluten, ou encore au lait. Les «gourous» de la médecine parallèle proposent d’ailleurs très souvent l’exclusion de ces deux aliments. Il se peut que si quelqu’un se plaint à son entourage de malaises digestifs, comme ballonnements, borborygmes, crampes, il se voie conseiller d’arrêter le blé et ses dérivés. Et il arrive que certains aillent effectivement mieux, même en absence d’un test positif! Cela signifie-t-il qu’ils souffrent d’une forme mineure d’allergie au gluten, sont-ils sensibles à un autre allergène contenu dans le blé, je n’ai pas de réponse toute faite à cette question. En tout cas, il vaudrait la peine d’investiguer d’autres pistes que celle du gluten, d’autres allergies ou intolérances. »

Le médecin ne néglige pourtant pas de traiter aussi sérieusement les vrais malades coeliaques « Une personne sur 200 environ en souffre, en majorité des enfants, mais la maladie peut n’être diagnostiquée qu’à l’âge adulte. » que ceux qui pensent souffrir de ce malaise. « Il ne faut pas rompre le dialogue, afin que ces patients ne tombent pas dans l’excès. Pour ma part, j’essaie de rester ouvert, l’important c’est que les gens se sentent mieux sans qu’il leur en coûte pour leur santé ».

Allergie véritable ou réel malaise : si les symptômes existent autant s'en préoccuper. Voilà un médecin qui affiche une empathie pour ses contemporains et leurs malaises personnels sans les juger, avec une véritable écoute et une grande attention à leur bien-être a quelque chose de rassurant