Propos sur tout et rien.

Par Ananda

Le silence est la voix de dieu.

Le silence, lorsqu'il est bien
coagulé, solidifié,
compact, acquiert la majesté
des grands temples de marbre blanc;
il est aussi impressionnant
qu'un condor en train de planer
au point que, tous, nous nous taisons
le respect
nous coupe la langue...

L’Homme a peur du silence. Sans doute le trouve-t-il trop originel.

Le Temps ?

Et si ce n’était que l’élasticité d’un unique instant, qui s’étire ?

Si l’on se met à appeler la vieillesse une maladie, alors il faut admettre aussi que c’est la vie entière qui en est une.

L’Homme ne veut jamais que ce qu’il n’a pas et ne veut jamais être que ce qu’il n’est.

Ce qui est ennuyeux avec ceux qui aiment, c’est qu’ils ne connaissent pas ceux qu’ils aiment, mais les rêvent.

C’est en ce sens que l’on peut, peut-être, s’autoriser à affirmer que l’amour est, par essence, une porte ouverte sur la déception.

Quand la peur règne, l’intelligence n’est que de peu de poids.

On voit souvent en le silence une antichambre de la parole.

Et si, en fait, c’était le contraire ?

Les relations humaines tendent à devenir fragiles à un point tel qu’on a parfois l’impression qu’elles ne sont pas loin d’évoquer l’entretien de quelque plante rare et sensitive dans une serre.

Nonobstant ses professions de foi  égalitaires, ses grandes envolées fraternitaires et autres, la France est un pays où il faut tenir son rang.

Comme un peu partout en Europe (à des degrés divers), l’esprit d’Ancien Régime s’y est maintenu.

Et les « grands principes » du « Pays des Droits de l’Homme » n’empêchent en rien que l’on répugne toujours autant à « mêler torchons et serviettes », qu’on badine très difficilement avec les tabous hiérarchiques et même que l’on se crispe tellement sur son quant-à-soi de « milieu »(corporatisme et esprit de clan chevillés au corps obligent !) qu’on va jusqu’à se payer le romantique luxe d’une « fracture sociale » !

Elitisme et racisme ne peuvent qu’avoir partie liée.

De même, racisme et rigidité sociale.

Le meilleur garant de la perpétuation d’un système inique n’est-il pas que chacun veuille prendre pour modèle les élites, les classes ou ethnies dominantes ?

Les mots désignent les choses…et ils les trahissent. Ils leur surimposent leur propre réalité. Ils leur surimposent leur propre rigidité. C’est en croyant se les approprier qu’ils les perdent.

Quel mot ne donnerait pas tout ce qu’il possède de sens, de précision, d’efficacité ou de magie pour faire vraiment entrer en lui la densité si distante des choses ?

Mais, hélas, les mots et les choses du monde entretiennent le même rapport qu’un individu avec des vêtements trop étroits qui l’engonceraient !

On dit « le poids des mots » ; pas faux.

Il est des fois où les mots pèsent tout autant que des cadavres.

Attends voir…je te tue.

Ça va t’apprendre à vivre !

Celui qui a besoin de grandeur est celui qui se sent (trop) petit.

Sa li ki ena bizin gagn grander-la, sa li ki pans li (tro) tipti.

Apprendre le renoncement.

Telle est la leçon de la Vie.

Car tout se terminera par une obligation de renoncer à soi-même.

Sans mémoire, le présent est incompréhensible. De même l’est-il sans sensation de se diriger vers un futur.

Une mémoire ? Parfois, ça doit se conquérir.

Nous sommes tous un peu amnésiques de nous-mêmes.

Toutes les « belles idées » ont un effet pervers. Sans doute cela vient-il de la tendance innée de l’Homme à l’exagération, au zèle, à l’idée fixe, au « mieux qui est l’ennemi du bien ».

P.Laranco.