Les filles sont au café, Geneviève Brisac

Publié le 14 juillet 2010 par Antigone

"Il paraît que tu écris un livre avec trois cent soixante-cinq histoires ? m'a demandé Tova avec curiosité.
Je me suis sentie confuse. Et effarée par ce chiffre énorme.
J'écris une histoire par semaine, ai-je dit timidement. Ca fera plutôt cinquante-deux. Pour montrer. Pour donner à voir. Ce qui grouille par en dessous, l'univers obscur de la pensée, les fantasmes et les histoires comme des algues, ou des poissons révélés par un rayon oblique. Ce que je ne sais pas vivre moi-même, ce que je ne sais pas que je vis."

Les filles sont au café sont la version poche du titre grand-format de Geneviève Brisac, 52 ou la seconde vie paru en 2007, mieux vaut le savoir... Je déteste, pour ma part, cette nouvelle manie éditoriale de changer les titres, de quoi piéger les lecteurs et troubler l'esprit.
Ce principe cependant admis, on comprend le choix du nouveau titre, car lire ce roman composé de 52 petites historiettes, parfois sans suite, revient en quelque sorte à suivre une conversation entre filles dans un café. Les confessions intimes et multiples sont reprises sous la forme d'un "je" commun qui raconte et décrit le présent, le passé, les expériences quotidiennes et des anecdotes pêchées au détour d'un lieu public.

J'ai été touchée, souvent troublée, parfois perdue dans des limbes d'incompréhension et finalement séduite par ce recueil d'un genre différent. Il est prenant de retrouver d'une nouvelle à l'autre des personnages que l'on parvient à reconnaître et à aimer (le neveu Nils par exemple), qui vivent notre vie, pas toujours rose et dans la norme. Geneviève Brisac n'hésite pas à donner son avis sur le monde qui l'entoure, à brosser des histoires dans le sens contraire du poil, des histoires qui dérangent un peu. Et puis, elle aime les auteurs que l'on aime, que l'on lit, elle nous semble ainsi tellement proche. Alors, bien entendu, ce livre n'est pas facile, il réclame au lecteur d'accepter d'être déstabilisé et de donner son accord au principe de l'exercice de style. Pas toujours évident quand la tête n'y est pas.
Voici un livre que j'ai pris et reposé à plusieurs reprises, cette fois-ci a été la bonne, tant mieux.

Une lecture où ça philosophe, ça sirote au café et ça se dispute...

"Si ton cerf-volant est cassé, garde la ficelle."

Note de lecture : 4/5 - Editions Points - 7€ - Mars 2010

Pour l'or des chambres, c'est un coup de coeur de son année 2007 - Pour Florinette (qui me manque) c'est un roman dense aux multiples saveurs - Pour Clarabel, c'est sans cesse vif et impertinent - Cathulu est restée perplexe ...

Le site de l'auteure : http://genevievebrisac.com/