La châtelaine anglaise déménage de Deborah Devonshire, Par la dernière des sœurs Mitford

Par Mango
Deborah Devonshire est la dernière des célèbres sœurs Mitforddont j’ai eu tant de plaisir à lire la biographie par Annick Le Floc'hmoan. Elle a désormais 90 ans et elle publie un livre de souvenirs, de ses longues années passées dans le palais de Chatsworth, dans le Devonshire dont elle est devenue la duchesse par son mariage jusqu’aux funérailles de John Kennedy, son beau-frère.
Nancy Mitford, sa sœur, la romancière nettement plus âgée, l’appelait toujours  "Neuf", car elle ne lui donnait pas plus de neuf ans d’âge mental. L’humour, l’ironie, le goût des farces et des jeux de toutes sortes restent des traits dominants de cette famille avec une forme certaine d’extravagance et d’excès dans leurs opinions. L’une fut, dit-on, une maîtresse d’Hitler, une autre fut une communiste très active aux Etats-Unis, pendant le maccarthysme, Nancy fut l’amie proche de Gaston Palevski,, à Paris.
Dans ce livre la narratrice raconte des moments forts de sa vie : la venue de Stella Tennant, sa petite fille mannequin, avec toute une troupe de couturiers,  d’assistants et de photographes, les nombreus intendants  du palais, tous plus singuliers les uns que les autres, les mille et une scènes qui occupent ce petit coin de la campagne anglaise où elle vit désormais dans l’ancien presbytère.
C’est drôle, c’est enlevé,. On dirait une conversation légère autour d’une table, entre amis  toujours de bonne humeur, à la dent dure parfois. J’ai bien aimé.
Mon père était un lecteur on ne peut plus judicieux. Il n’avait lu qu’un seul livre, "Croc-Blanc ";. Il l’avait tellement apprécié qu’il n’en avait jamais ouvert un autre, certain qu’aucun roman n’aurait pu être aussi parfait. (…)
A l’époque, tout le monde parlait de la romancière Elinor Glyn. J’ai soudain entendu notre invitée, qui cherchait désespérément un sujet de conversation pour rompre le silence,demander à mon père :
« Lord Redesdale,avez-vous lu ‘Trois Semaines ?» Il foudroya la convive du regard ;« Je n’ai pas ouvert un livre depuis trois ans ! » Il exagérait car cela faisait vingt ans qu’il avait lu ' Croc-Blanc". Merci à Cathulu pour ce livre La châtelaine anglaise déménage de Deborah Devonshirepar la dernière des sœurs Mitford (Payot, 2009, 149 p) Traduit de l’anglais par Jean-Noël Liaut