Par Hong Kong Fou-Fou
Sinon, pour rester dans l'univers carcéral, je me suis tapé les six épisodes du remake du Prisonnier. Bon, comment dire. Ce n'est pas complètement nul, il y a quelques idées. Mais c'est quoi, la finalité du truc ? La série originale était parfaite, pourquoi essayer d'en faire une nouvelle version ? Déjà, il y a quelques explosions. Normal, c'est américain. Et le rover est plus gros. Normal, c'est américain. Il y a une histoire d'amour avec des larmes. Normal, c'est américain. Le gros problème, il est là : la série originale était anglaise, celle-là est co-produite par les Américains, on se retrouve donc avec un curieux mélange de Desperate housewives et The Truman show. Et l'acteur qu'ils ont pris pour incarner le Numéro 6... Autant Patrick McGoohan avait un air de dingue illuminé, autant je n'hésiterais pas à prendre James Caviezel comme baby-sitter pour mes enfants. Pour vous donner une idée de la différence de niveau entre la création de McGoohan et cette resucée falote, c'est un peu comme si vous lisiez Madame Bovary avant de vous attaquer à un roman de la collection Harlequin.
Enfin, toujours dans les remakes, j'ai été voir au cinéma celui d'un film français (Cible émouvante, de Pierre Salvadori), réalisé par des Anglais. Ils l'ont appelé Wild target, ce qui n'est pas trop mal, plutôt dans l'esprit. Mais les distributeurs français du film l'ont rebaptisé Petits meurtres à l'anglaise. Ben oui, c'est bien connu, le spectateur est con, alors il faut choisir des titres qui lui évoquent déjà quelque chose. Après Braquage à l'anglaise et Petits meurtres entre amis, il est en terrain connu. Selon toute vraisemblance, on devrait voir débarquer dans quelques mois Petits braquages entre amis anglais.
Bref, passons. Je n'ai pas vu Cible émouvante, je n'ai donc pas de point de comparaison (il y a Jean Rochefort, ça doit être pas mal) mais en tout cas, Wild target est excellent. L'histoire, c'est celle d'un trio improbable : Rose, une exubérante jeune femme qui a escroqué un gangster en quête de revanche ; Victor Meynard, un vieux tueur maniaque et coincé qui devait tuer Rose mais ne veut plus la tuer ; Tony, un jeune laveur de voitures qui croise leur chemin par hasard et qui ne comprend pas trop ce qui lui arrive. Ces trois personnes réunies par des événements qu'ils ne maîtrisent pas doivent échapper à d'autres tueurs engagés pour tuer Rose puisque Victor ne veut plus la tuer. C'est drôle, c'est fin, c'est de la bonne comédie britannique, quoi. Quand outre-Manche sortent Joyeuses funérailles, Shaun of the dead, Hot fuzz, nous on répond avec Fatal, Le baltringue, Camping 2. De la bonne grosse daube qui rote et qui pète. Pourquoi on a perdu la recette de l'humour français ? Heureusement, il nous reste celle de l'andouillette-purée.