Le Mont-Blanc (France) culminant à 4810m

Publié le 20 juillet 2010 par Thedailyplanet
Le mont Blanc que cent monts entourent de leur chaîne, Comme dans les bouleaux le formidable chêne, Apparaît au milieu des Alpes qu'il encombre ; Et les monts, froncement du globe, relief sombre, L'admirent, fiers sommets que la tempête arrose. — Grand ! dit le mont Géant. Et beau ! dit le mont Rose. Tous, du lac au chalet, de l'abîme au vallon, Autour de puissant mont chantent, chœur monstrueux : C'est lui ! le pâtre blanc des monts tumultueux ! Il nous protège tous et tous il nous dépasse ; Il est l'enchantement splendide de l'espace ; Il mêle un argent sombre aux moires du Léman ; Il nous éclaire après que l'astre s'est couché ; Dans le brun crépuscule il apparaît penché. Et l'on croît de Titan voir l'effrayante larve ; Il tresse le bleu Rhône aux cheveux d'or de l'Arve. L'Archange à son sommet vient aiguiser son glaive ; Il a comme son dogue à ses pieds le Salève ; Il tisse, âpre fileur, les brouillards pluvieux ; Sa tiare surgit sur nos fronts envieux ; Ses pins sont les plus verts, sa neige est la plus blanche. L'immensité le baise et le prend pour amant Une mer de cristal, d'azur et de diamant, Crinière de glaçons digne du lion Pôle, Tombe, effrayant manteau, de sa farouche épaule. Il est plus haut, plus pur, plus grand que nous ne sommes ; Et nous l'insulterions, si nous étions des hommes. Victor Hugo, La Légende des Siècles, 1877