Nicolas, tu déménages ! (A saint-Aignan ?)

Publié le 22 juillet 2010 par Mister Gdec

(source de la photo ici)

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« Oui! C’est quand même le comble: les municipalités ne respectent pas leurs obligations, et c’est à nous qu’on reproche d’être dans l’illégalité » (Milo Delage, vice-Président de l’Union française des associations tsiganes).

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Sur l’affaire de Saint-Aignan, le chef de l’état français, qui devrait pourtant nous montrer un exemple quelque peu plus  irréprochable,  cède comme à son ordinaire à la pression de l’émotion…  N’aurait-il pas dû en effet s’entourer de l’avis « d’experts » sur le sujet qu’il veut revisiter, avant de s’en prendre à ces boucs émissaires faciles, que d’autres ont choisi de cibler avant lui ?

A moins que certaines langues de vipère n’aient tristement raison, et qu’il soit animé par des arrières pensées nauséabondes, visant un certain électorat, en droite ligne de celle suivie à l’occaison de la Burqa et du débat sur une prétendue « identité nationale ».

Ce qui me fait écrire cela ? La décision de l’irresponsable qui nous gouverne de faire tenir, Mercredi prochain,  une petite réunion dont le thème officiel est (pincez-moi !) :

Les « problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms ».

Même un sénateur de l’UMP, «  Pierre Hérisson,  Président de la commission nationale consultative des gens du voyage et auteur en 2008 d’un rapport sur leur stationnement, « redoute que « l’accident de Saint-Aignan » ne suscite « des amalgames ». Pour lui, « ce qui s’est passé à Saint-Aignan relève du droit commun. Ce n’est pas un problème lié aux gens du voyage » » (source : Le Monde).

C’est pourquoi je m’associe pleinement et tiens à rediffuser pour qu’il soit repris au maximum le communiqué de la LDH qui suit, que je signe des deux mains, et des pieds s’il le faut :

Auteur de l’article : LDH, ici.

Roms/Gens du voyage : boucs émissaires des carences de l’Etat

Communiqué LDH

Suite aux violences intervenues à Saint-Aignan (Loir-et-Cher), et au lieu de réaffirmer la nécessaire primauté de la justice pour instruire ce dramatique fait divers et les inexcusables dégradations qui s’en sont suivies, le président de la République a choisi la stigmatisation raciste des populations Roms et Gens du voyage par des amalgames inacceptables, en annonçant l’expulsion, ciblée ethniquement, de tous les campements en situation irrégulière.

De telles annonces, si elles étaient suivies d’effet, ne feraient qu’envenimer les choses en renforçant des préjugés séculaires.

Plus de dix ans après l’adoption d’une loi imposant aux communes la réalisation d’aires d’accueil et de stationnement pour les Gens du voyage, à peine la moitié des places prévues sur toute la France sont aujourd’hui ouvertes. Les personnes vivant en caravane sont contraintes de s’installer là où elles le peuvent, faute de possibilités régulières. Les premiers responsables de cette situation tendue sont ceux des maires qui ne respectent pas leurs obligations légales, sans que les préfets ne les y contraignent, comme la loi le prévoit. L’injustice serait patente de sanctionner aveuglement les victimes de ces carences de l’Etat et des collectivités territoriales, sans offrir de perspectives d’accueil.

A la différence de tous les autres français, une loi discriminatoire de 1969 impose toujours aux personnes vivant en caravane un contrôle policier régulier, avec l’obligation de carnets de circulation à faire viser tous les trois mois au commissariat ou en gendarmerie. Ainsi sous surveillance constante, avec une liberté de circulation en France sous contrainte, incapables de s’arrêter là où ils le souhaitent, exclus en pratique du droit de vote du fait d’un délai dérogatoire de trois ans pour s’inscrire, ces « Gens du voyage » peuvent légitimement être défiants envers des pouvoirs publics qui les traitent en citoyens de seconde classe.

L’amalgame avec les Roms présents en France qui sont essentiellement venus de Roumanie et de Bulgarie, confirme l’ethnicisation de l’action publique du gouvernement. Ces ressortissants européens, libres de circuler au sein de tous les pays de l’Union, sont frappés, du fait de la décision du gouvernement français, de mesures transitoires qui les excluent en pratique du marché de l’emploi. Faute de pouvoir travailler légalement et d’avoir des ressources régulières, ils ne peuvent louer un appartement. Des bidonvilles sont ainsi réapparus aux périphéries des grandes villes, témoignant du manque criant de logements en France particulièrement ceux accessibles aux plus faibles revenus. Expulser ces personnes des terrains qu’elles occupent sans solution alternative ne fait que déplacer le problème et accroître la précarité. Là encore, les Roms ne sauraient être les victimes de l’incurie de l’Etat, qui refuse d’imposer aux communes leur obligation légale de réaliser 20 % de logements sociaux et les hébergements d’urgence nécessaires sur leur territoire.

Les rapports officiels se succèdent pour dénoncer la situation des Roms et des Gens du voyage en France (CNCDH 2008, Halde 2009, Ecri /Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe 2010…). Plutôt que d’en faire des boucs émissaires et d’exacerber les passions, le gouvernement se devrait de suivre enfin les recommandations qui lui sont faites pour affirmer l’égalité des droits.

Paris, le 21 juillet 2010.

Quelques (autres) sources, pour l’édification des masses laborieuses :

L’express

Le Monde.

AFP

France Info

Et un billet que je rejoins plus particulièrement quant à son analyse : « La république du mépris » chez Aporismes.

Enfin,  comme cela ne s’invente pas…. la loi Besson de 1990, dont l’inapplication est encore et toujours un scandale national.