On veille sur moi de quelque part et c'est rassurant.

Publié le 22 juillet 2010 par Francisbf

Il doit bien arriver à des gens de se retourner sur leur passé et de se dire que quand même, c'est vraiment trop injuste, et que la vie est vraiment une pute qui te fait payer chacune de ses faveurs au prix fort. Et malgré ça, c'est toi qui te retrouve baisé.

Ce n'est pas mon cas. Pour moi, la vie est une nymphomane avide de s'attirer mon attention et prête à satisfaire tous mes besoins presque avant que je me rende compte que j'en avais.

Par exemple, j'ai envie d'un frère et d'une soeur, comme ça, j'en fais la remarque au bord d'une fontaine à souhaits, et hop, ma mère pond une paire de jumeaux. Je veux une école en particulier à mes concours, celle près de chez mes tantes ? Paf, la voilà. Je commence à m'ennuyer en cours de chinois, pas compliqué, elle m'envoie au Sénégal gagner des sous (immoralement trop de sous, si j'en crois ce qu'on m'a dit des tarifs des missions).

Vous direz sans doute que ce n'est que du bol. Du hasard. Peut-être, n'empêche qu'au bout d'un moment, ça devient troublant, qu'on me veuille autant de bien quelque part.

Prenez hier. Je bosse sur un base de données de 80 tables, qui se trouve sur un serveur. On me demande de faire un modèle physique de données de ce machin. Si vous êtes comme moi, vous faites : « uh ? » et vous allez voir sur internet ce que ça veut dire, et qu'est-ce qui peut le faire à votre place gratuitement parce qu'il faut pas déconner quand même, on est dans un institut d'état, et que le budget est parti dans un nouveau robinet et un siphon tout neuf aussi dans les cabinets.

Bon, je trouve des logiciels. Oui mais voilà, ma base, c'est pas un machin simple en MySQL ou Access, ce serait trop facile, on est chez des chercheurs là, il faut qu'ils se la pètent avec du matériel que personne ne comprend, sinon ils auraient l'air de guignols, quoi. Donc, on a une base PostgreSQL. Et bien sûr, rien ne marche simplement avec PostgreSQL. Il faut donc, découvré-je au hasard du net, me connecter à la base via ODBC. Ne me demandez pas ce que c'est, j'en ai pas la moindre idée. Une couche d'abstraction, m'a-t-on soufflé à l'oreille quand j'ai posé la question à un coupaing. Ce qui m'a bien avancé, comme vous pouvez vous en douter.

Bon. Tout ça ne serait pas bien grave si les logiciels se chargeaient tout seuls de se connecter par ODBC à la base. Ce qui serait trop simple. Il faut les configurer. Et comment ça se fait, je n'en ai pas la moindre idée.

Je tâtonne donc, me gratte la tête, installe un pilote ODBC-PostrgreSQL, constate que ça ne fait rien, me détend sur une ou deux notes de blogs, cherche un peu sur le net en tapant « installer pilote odbc postgresql », et bon, comme me l'indique le premier machin que je trouve, vais fouiller dans les outils de gestion d'administration windows, et configure au pifomètre ma source de données. Et là, paf, ça marche : windows trouve ma base de données. Ou au moins, quelque chose. Déjà, c'est miraculeux.

Mais là où c'est encore plus beau, c'est qu'en allant farfouiller de manière complètement bordélique et déprimée dans les logiciels en essayant de rentrer des machins là où on me demande d'entrer des machins, au troisième coup, paf, ça marche. J'en croyais pas mes yeux. Un ordi qui fait ce que je lui demande sans que je comprenne moi-même ce que je lui demandais, c'était la première fois.

Alors qu'en plus, quand je fouillais le net à la recherche d'aide, tout ce que je trouvais sur ces logiciels et leur compatibilité avec Postgre, c'était des messages sur des forums appelant au secours et datant de mai 2005. Les messages suivants étaient du même auteur, pour dire « s'il vous plait, allez, quoi, aidez-moi, mon patron va me virer, je pleure sur mon ordi là, soyez pas chiens ». J'étais un peu triste pour lui, et j'avais un peu peur pour moi.

Pas de raison. Le logiciel s'est connecté à la base sans rien dire, et quand je lui demande de faire de la rétro-ingénierie, il me dit « OK, boss ». Comme ça (enfin, presque). Et paf, apparaît sur mon écran, par magie, un tas de tables et de lignes juste comme j'espérais que ça ferait. Jamais dans mes rêves les plus fous je n'aurais pu espérer ça. L'informatique comprend mieux que moi ce que je lui demande.

Ça a continué aujourd'hui. J'ai deux ordis en ce moment, si vous avez suivi, un sous windows et un sous ubuntu, et j'appelle l'informaticien pour me les connecter à l'imprimante, et en quinze secondes, j'ai réussi à le faire (sans instruction de sa part) sous linux, alors qu'il lui a fallu une heure sur le PC windows.

Décidément, je suis béni des dieux.

Maintenant, j'attends que la vie me trouve une coloc (si possible, avec une jolie gonzesse qui fasse la cuisine et le ménage). Je lui fais confiance, elle ne m'a pas encore fait défaut.

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