Une nuit à l'Opéra....

Publié le 25 juillet 2010 par Mpbernet

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Les cinéphiles auront repéré l’allusion au célèbre film des Marx Brothers….Mais laissez-moi plutôt vous conter nos aventures de la nuit dernière !

Il était presque minuit et nous nous apprêtions à aller benoîtement nous coucher, Claude et moi, déjà depuis longtemps en habits de nuit après une soirée télé meublée de séries estivales – dont une nouvelle sur la 3 portant sur les équipes médicales d’urgence….Quand soudain s’élève un cri déchirant de la chambre d’Hugo. Je pense à un classique cauchemar. Mais ce n’est pas ça : il se plaint de violents maux de ventre et se tortille comme un ver. Je le rassure, le fais boire un peu d’eau, mais rien n’y fait…..Je le recouche, m’allonge auprès de lui pour le rassurer, mais il continue à avoir mal. Il réclame le Doliprane, remède universel. Que faire ?

Moi, je pense à l’épisode fiévreux des dernières quarante huit heures, que se passe-t-il ? Pourtant, il n’a pas de fièvre, là, maintenant, mais comment supporter ces pleurs ?

Un regard à Claude : il a compris, on se rhabille, on l’habille et zou, on le ficèle dans la voiture – ça tombe bien car cet après-midi nous y avons installé le siège de bébé pour partir demain à Biarritz – et en avant l’Hôpital de Villeneuve. Il reste éveillé, dit qu’il a toujours mal mais ne geint plus. Moi, je me dis que ce soir nous n’avons pas bu de vin, que la route est sèche et le conducteur précautionneux. Ce que j’ignore, c’est que Claude, juste avant d’aller au lit, avait avalé une demi-pilule pour dormir….Ce qui explique sans doute la façon très « concentrée » dont il conduit….

On arrive aux Urgences. C’est une salle d’attente de 15m² tout au plus, ce y compris le sas d’admission où on vous demande tout un tas de renseignement administratifs : non, je n’ai pas de papier d’identité pour l’enfant, j’ai son Carnet de santé, non, je n’ai pas d’autorisation écrite des parents en cas d’intervention……On entre. Il y a dix sièges comme dans le métro, en groupe de deux et en tôle, juste surtout afin qu’on ne puisse pas s’allonger. Sont déjà là un jeune homme qui dort, un beau sexagénaire bronzé qui porte un sac de dame, une famille de campeurs hollandais avec dans les bras un garçon de huit ans avec une cheville foulée en jouant au trampoline, nous, puis un grand monsieur avec une plaie au doigt, qui sombre dans le plus profond sommeil et ronfle.

Nous nous installons. La pièce comporte trois portes : celle du sas d’entrée, une porte de sortie directe dehors, la porte menant aux soins. Et là commence le ballet surréaliste. D’abord, on voit sortir, en chemise de nuit ouverte derrière et petites fleurs une future maman subaccouchante qui vient chercher son jeune mari dormant pour aller dehors (fumer une cigarette ?) puis rentre à nouveau dans le « Saint des saints », ensuite c’est un grand Sick (pas malade, accompagnant un autre Indien sans doute) en bermuda et chemise sans col, portant un superbe turban noir et lunettes cerclées d’or….Il fera deux fois l’aller et retour …Des types baraqués.

J’installe Hugo le mieux possible. Claude me dit que cet après-midi, dans le verger, il a croqué une pomme verte….Arrivés vers minuit trente, on appelle Hugo à 2h 45. Et là, c’est un couloir pas très large où sont parqués des patients couchés dans des brancards à roulettes. Un vieux monsieur avec des tuyaux, une jeune fille avec une minerve et des bleus partout, une grosse dame qui proteste car elle est là depuis 21 heures et qu’elle n’a vu encore aucun docteur. On lui explique que l’ordre de passage est fixé par la gravité des cas et non l’heure d’arrivée…

On nous fait entrer dans une petite salle d’examen avec un lit, on demande à Hugo de bien vouloir essayer de faire pipi dans un petit gobelet de plastique : pas question. On lui prend la température, rien, le pouls, le rythme cardiaque…rien. On nous dit d’attendre, le docteur ne va pas tarder. Le personnel est très calme et gentil, mais ce soir c’est la folie. On voit passer des pompiers, des ambulances. Hugo ne dort pas, il n’a pas peur…Moi je réalise que j’ai fait une bêtise, qu’il a simplement eu un pêt de travers, je culpabilise pour Claude resté en salle d’attente…Qu’il y a bien d’autres urgences bien plus urgentes que nous…Qu’il ya danger d’attraper des trucs pas bons du tout pour le petit dans une telle atmosphère… Que la prochaine fois que quelqu’un aura un malaise, il faudra pousser jusqu’à Agen car rien ne sert d’avoir un hôpital à une demi-heure si c’est pour y passer la nuit par manque de personnel…

Bref, à trois heures, Hugo trouvant que ce n’est pas intéressant et jugeant que la plaisanterie a assez duré commence à s’agiter, je décide de m’échapper malgré les (molles) protestations du personnel. Nous remettons Hugo dans la voiture et rentrons au Calfour, il est 3h 45, on se lave soigneusement les mains, Hugo se remet en pyjama, il ne réclame pas d’histoire, il se rendort, nous aussi.

Fin de l’histoire. Victoire, ma chérie, tu recevras sans doute une facture directement à Paris pour cette lamentable non-intervention. Je rassure en tous cas tous le monde : le bébé et sa mamie se portent très bien !