Cowboy

Par Rob Gordon
Cowboy poursuit brillamment l'exploration de l'homme médiocre et désabusé débutée par Benoît Poelvoorde avec C'est arrivé près de chez vous il y a déjà quinze ans. Depuis, de Portes de la gloire en Ghislain Lambert, notre belge préféré traîne ses guêtres de personnages misérables en sympathiques incompris. Le Daniel Piron de Cowboy oscille entre ces deux catégories, et c'est cela qui fait son originalité : refusant de plonger dans le grand bain de la comédie, n'y entrant qu'orteil après orteil pour ne pas prendre froid, Benoît Mariage signe un film brillamment doux-amer qui va finalement plus loin dans le pathétique que les très plombés Convoyeurs attendent.
Idée originale : un journaliste en perte de vitesse trouve le sujet de reportage qui va le relancer. L'idée : retrouver et réunir les protagonistes de la prise d'otage d'un bus scolaire quinze ans plus tôt. Évidemment, tout ne se passera pas comme prévu, et le reportage de Piron va partir à vau-l'eau. Seulement voilà : si l'ensemble part en couille, ce n'est pas dans la direction que l'on croit. Compensant sans cesse son côté désespéré par de petites goulées d'un humour très belge (merci François Damiens), Mariage va loin dans l'exploration du pathétique et du grotesque d'un homme, mais aussi d'une époque. Même si sa mise en scène n'est pas tout à fait à la hauteur de son beau sujet, il trouve le ton juste et maîtrise parfaitement les soubresauts de son scénario. Dans le rôle principal, Poelvoorde fait des merveilles, ayant bien compris qu'il n'est pas pour une fois l'alibi comique du film. Autour de lui, les seconds rôles sont à l'unisson. Et la conclusion du film, sur une reprise en choeur des Poppies, apporte un dernier voile d'amertume en même temps qu'une légèreté assez indispensable. Résumé parfait d'un petit film qui a tout d'un grand.
8/10