CULTURES & TRADITIONS: Français, langues et diaspora cabindaise…

Publié le 27 juillet 2010 par Cabinda

Virginie MOUANDA

Phénomène de la langue française dans la diaspora Cabindaise

*Escritora Cabinda*

Le phénomène de la langue française dans la population s’explique par plusieurs facteurs. La situation géographique et l’histoire du Cabinda ont fait de son peuple dont la langue traditionnelle reste le Ibinda (Ti Fioti), un peuple plurilinguiste.

Le Cabinda est entouré du nord au sud-est par la République démocratique du Congo, et du nord, est et sud-est par le Congo-Brazzaville, deux pays francophones.

Sur le plan historique, le partage de l’Afrique en lui-même avait dramatiquement défait le Cabinda. Les tribus du royaume Loango, situé sur la cote du Golf de Guinée ont été découpées sur quatre pays. Le Congo, le Gabon, l’Ex-Zaire et l’actuel Cabinda. Des tribus, des villages, des clans et même des familles se sont retrouvées séparés par un découpage géographique qui accommodait les installations coloniales françaises, belges et portugaises. L’accès à la mer pour les deux francophones avait conduit la désintégration de Loango. Par Exemple, certains héritiers du trône de Ma-Loango, vivaient jusqu’au moment des indépendances au Congo portugais (Cabinda) alors que le roi lui-même était du coté du Congo français

Pendant toute la période coloniale, des échanges commerciaux se sont poursuivis principalement entre le Congo belge, Congo-Français et le Cabinda. Le troc entre les peuples sur les marchés frontaliers et dans les villages était très courent. Des hommes et des femmes venus de l’Ex-Zaire, avec des colis des marmites en fonte ou des poteries, en échange avec les pains de graisse végétales ou de sel au Cabinda, se faisaient en langues Ibinda et Yombé.

Puis des nombreux Cabindais, déjà pendant la colonisation, habitants dans les villages frontaliers, allaient travailler à Pointe-Noire (ville industrielle et portuaire), au Congo auprès des colons français.

Avec les insurrections et la guerre contre le Portugal de 1960 et 1966, il y a eu des vagues de migrations des Cabindais vers les deux Congo francophones, puis le Gabon en pleine explosion économique. Le Gabon a attiré à cette époque des masses de travailleurs cabindais dans les mines de manganèse, les constructions de route etc…

...

Enfin depuis 1975, les populations cabindaises n’ont jamais autant déserté le pays, l’annexion du pays par l’armée angolaise et l’instauration de la guerre et de la répression civile.

Tous ces réfugiés, victimes de la guerre ont au fur et à mesure rempli les villages aux frontières des deux Congo voisins, puis les camps de Réfugiés du HCR ou simplement improvisés en territoires francophones, ont dû s’adapter au langage du lieu d’accueil.

Cette assimilation linguistique n’a jamais remis en question l’identité des Cabindais qui conservent toujours le Portugais comme langue officielle et le Ibinda ou Ti Fioti, leur langue nationale et traditionnelle. C’est la même langue que tout le monde parle avec de légères déclinaisons selon la région.

Le Français est donc imprégné de façon remarquable dans l’éducation des jeunes générations Cabindaises. Ce phénomène est d’une importance capitale dans la compréhension du cheminement historique de la Diaspora cabindaise. La plupart des cadres et intellectuels Cabindais, n’ont pu parfaire leur éducation qu’à l’étranger et le plus souvent au Congo, Congo-Kinshasa, Gabon, France ou Belgique.

Le tissu familial et l’appartenance à la fratrie ou au clan, est la base même de l’identité cabindaise. Etant donné que toute référence historique et clanique nous ramène à la source et à nos ancêtres, l’assimilation linguistique ne sera jamais identitaire. La langue reste uniquement un moyen de communiquer, notre identité ne change pas.

Je suis née à Pointe-Noire, de parents réfugiés, qui avaient fui la guerre d’indépendance. Mais je reste Cabindaise, et « Fumu Uh Liti ».

Son oeuvre

...

...

1 – AU SOLEIL NOIR DU CABINDA, Editions Transbordeurs, 2004, 176 p. (Roman). Nous en parlions ici 

2 – MEMOIRE D’UNE COLLINE (2010) Editions Acoria. Achat ici

Sources : Ibinda.com