Liberté, mon amour

Par Gicquel

LIBERTÉ, MON AMOUR !

de Mauro Bolignini

(1973, Italie, 104 mn, Couleurs)

Le film

2.5 out of 5 stars

Les bonus

3.5 out of 5 stars

Après «  Bubu de Montparnasse » (dans ce blog) j’ai repris mon Bolognini estival avec la même envie de redécouvrir ce réalisateur italien qui insuffle à son art un vent de folie aujourd’hui bien retombé. Un réalisateur de la trempe de Roberto Benigni , possède encore cet esprit créatif, à la fois pétillant et décalé, qui pour traiter ses sujets  n’hésite pas à les conduire là où la bienséance artistique ose à peine lever les yeux.

« Liberté, mon amour ! », qui traite du fascisme en Italie donne ainsi dans la grosse farce bien appuyée avant de révéler toute la tragédie que recèle l’histoire transalpine.Nous sommes à Rome, dans les années 30. Fille d’un anarchiste exilé, Libera dénonce les méfaits du fascisme, mettant en péril toute sa petite famille qui n’arrête pas de déménager. Elle ira jusqu’au bout de son combat, en butte avec un mari bien gentil, mais qui craint pour son avenir professionnel.

La passion, la fougue, l’amour. C’est à travers ce personnage enflammé que joue Claudia Cardinale avec une beauté pétulante que le réalisateur reprend  les tragiques événements qui ont marqué l’Italie au cours de la seconde guerre mondiale. Dont la violence des allemands vis-à-vis des italiens qui venaient de rejoindre les alliés.  Des images d’archives accompagnent le propos romanesque (avec un document identique à «  Vincere » de Marco Bellocchio sur la chute du Duce).

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Mais le film repose principalement sur la comédienne et à trop se focaliser sur l’héroïne, il en devient idyllique. C’est la pasionaria dans toute sa grandeur, qui au milieu des hommes amaigris et mal vêtus conserve un teint de jeune fille et une garde-robe sans tâche.

Mauro Bolognini en devient maladroit, sur lignant des scènes que sa verve et son regard pertinent n’arrivent pas à gommer. Si l’interprétation de Claudia Cardinale est sans reproche, malgré cette direction d’acteur douteuse, j’aime beaucoup le personnage de Bruno Cirino , le mari, qui pourrait être aujourd’hui repris sans conteste par Roberto Begnini. L’auteur de «  La vie est belle » a dû d’ailleurs être sérieusement influencé par le travail de son aîné, par cette mise en scène urbaine qui fait que toute une rue peut devenir une ville, et que la vie ne tient un instant  qu’à ce petit coin d’Italie.  Un vélo dévale tranquillement sur les pavés. Une petite fille à l’arrière, c’est le papa qui  pilote, en quête d’une nouvelle ville où Libera n’a pas encore fait des siennes. La vie est belle.

SUPPLÉMENTS

. PRÉFACE DE JEAN A. GILI (9 mn)

. MAURO BOLOGNINI, AU-DELÀ DU STYLE (PREMIÈRE PARTIE)

(1992 – Couleurs et N&B – 29 mn)

Un film inédit de Richard Frances, Jean A. Gili et Philippe Jamont

La première partie d’un entretien fleuve avec Mauro Bolognini, avec les témoignages de Claudia Cardinale, Adriana Asti, Marthe Keller et Dominique Sanda. On découvre un réalisateur solitaire, profondément humain, «  positivement bon » reconnaît Marthe Keller.

Claudia Cardinale qui évoque sa façon de travailler («  il filmait souvent de loin, on n’avait pas l’impression d’être devant une caméra, on pouvait être pleinement le personnage ») dit que c’est avec Mauro Bolognini qu’elle a tourné les meilleurs de ses films. Le réalisateur revient lui aussi sur sa carrière marquée par une collaboration avec Pasolini, mais aussi Jean-Paul Belmondo, Catherine Deneuve ou Dominique Sanda. «  Je n’ai jamais eu de problèmes avec les acteurs. » Sur sa technique, Mauro Bolognini rejette encore les reproches «  d’être trop esthétisant. Pourtant je ne répète jamais, je suis la scène dans la caméra et ça me suffit. ». Toute une carrière passe ainsi avec un réel plaisir.