DANTE’s Inferno. Voyage au bout de l'ENFER

Publié le 13 mars 2010 par Tom

Lorsque le nom de l’éditeur Electronic Arts est associé à l’adaptation d’un long-métrage hollywoodien en jeu vidéo, généralement, ça fait peur… Toutefois, "E.A." a toujours le chic de mettre en appétit les acheteurs potentiels, généralement en garantissant une bonne campagne promotionnelle. Avec le "tout nouveau - tout Gore" Dante’s Inferno développé par Visceral Games* (voila un nom qui en dit long sur le produit ! Très viscéral en effet ce "Dante" !), nos amis de chez E.A. ont apparemment (pour une fois !?) fait fonctionner leurs méninges pour nous offrir un titre sortant allégrement des sentiers battus. C’est, de prime abord, ce que l’on peut penser en visionnant l’ensemble des interviews des concepteurs et développeurs de ce jeu. Mais, à propos, sur quelle matière se base ce projet ?

Ce dernier s’inspire, ni plus ni moins, de l’un des chefs d’œuvre de la littérature européenne du Moyen Age : La Divine Comédie de Dante Alighieri. Originaire de la ville de Florence, ce poète italien du XIVe siècle composa son récit épique entre 1307 et 1321. Dans celui-ci, en bon voyageur égaré dans la forêt obscure du péché, Dante trouve le chemin des Enfers. Guidé par le poète latin Virgile, notre héro - personnification de l’humanité toute entière - va parcourir, premièrement, les neuf cercles de l’Enfer avant d’accéder au Purgatoire, une montagne composé de neuf gradins. Après ce parcours rédempteur, Dante va finalement être conduit par Béatrice (son amour inspirateur et céleste) et par saint Bernard dans les neufs cieux symbolisant le Paradis. Voila donc pour la petite leçon d’histoire…

S’inspirant ouvertement de la riche vision de l’œuvre de Dante ainsi que des nombreuses illustrations artistiques qui sont venues alimenter ce "mastodonte" de la littérature (pensons aux gravures de l’anglais William Blake ou encore à la "Porte de l’Enfer" sculptée en 1889 par Auguste Rodin - porte que l’on retrouve dans le jeu ! -), Visceral Games disposait bien d’une richesse visuelle et artistique de grande ampleur pour nous entraîner dans une aventure sanglante, lugubre et éprouvante. Justement, au niveau des décors, de l’ambiance générale ainsi de la noirceur des forces démoniaques, Dante’s Inferno rayonne ! Clairement, à l’entame de ce titre, le sol se dérobe sous nos pieds pour nous engloutir dans neuf cercles où règne l’horreur avec un grand « H ». C’est choquant, malsain, inquiétant et… C’est sans doute pour ça que les fans du genre céderont à la tentation d’acquérir ce produit qui pourtant n’est finalement pas bien extraordinaire !

Après avoir massacré bon nombre d’innocents et avoir affronté et terrassé la Mort en personne durant la troisième Croisade en Terre Sainte, un chevalier de l’ordre des Templiers (encore eux !) rentre tranquillement à ses pénates dans l’espoir de retrouver et de combler sa promise, la belle Béatrice. Malheureusement, le chemin de croix de notre vaillant destrier, armé de la Faux de la Mort, ne fait que commencer. La promise de notre héro vient d’être crapuleusement assassinée ! Dans un souffle, l’âme de la jeune défunte est emportée dans les limbes. N’écoutant que son amour, le chevalier se précipite aux Portes des Enfers pour y affronter le cheptel le plus vil et démoniaque de toutes les salles bêtes qui pullulent dans le monde des ténèbres…

Si à l’origine de son intrigue, Dante’s Inferno se la joue quelque peu Assassin’s Creed (des croisades, des templiers, des assassins et la douce Italie !), c’est bien sur les platebandes de la franchise God of War que le jeu d’E.A. marche. Loin pourtant de pouvoir concurrencer les Hits de Sony Computer Entertainment, ce Beat’Em All se résume à une succession de combats en arène où le mot d’ordre est simple : "massacrez-les tous". Entrecoupé de quelques séquences en 3D et en anime’ 2D (ce cocktail laisse planer, par moment, une impression de jeu réalisé à la va-comme-je-te-pousse) ainsi que de quelques rares scènes de "grimpettes" (évoluant sur un parcours affreusement dirigiste), Dante’s Inferno n’a peut-être finalement pas choisi les bonnes options en n’offrant aux joueurs qu’un simple défilé de combats en meute...

C’est assez faiblard, surtout par les temps qui courent ! A ne surtout pas comparer à la prouesse des grands Hits de l’infiltration - comme l’incontournable Assassin’s Creed - ou aux aspirations salvatrices de certains titres comme Devil May Cry 4 ou Darksiders qui tentent, à l’inverse de "Dante", d’amplifier la portée ludique du genre Beat’Em All. Bref, les massacres à la chaîne peuvent être jouissifs mais dans un monde où ce genre de spectacles pullule, Dante’s Inferno apparaît davantage comme un ersatz plutôt faiblard de "God of War"… Inutile de préciser qu’avec l’arrivée du troisième chapitre de cette dernière franchise, le jeu d’Electronic Arts devrait rapidement se retrouver plonger dans les limbes de l’oubli. Dommage quand même pour un projet si prometteur et alléchant.

Alors, à qui s’adresse ce jeu ? Certainement aux boulimiques des Beat’Em All toujours à rassasier, peut-être aux novices qui s’offriraient bien un charmant petit trip vachement morbide, ou, éventuellement, aux ultra-masochistes. Un conseil quand même : attendez deux ou trois mois pour que le prix de ce titre mincisse avant de découvrir son ambiance si… "Attachante" (comme du sang séché sur une lame oxydée).

PREMIERES IMPRESSIONS :

*Visceral Games n’est autre que la nouvelle appelation du studio Electronic Arts Redwood Shores qui est à l’origine de la conception de jeux comme le "Parrain 2" et le plébiscité "Dead Space".

VIDEO