Arts des rues : la 1ère "Nuit du Street art", c'était le 25 mai, place St Sulpice à Paris.

Publié le 30 juillet 2010 par Petistspavs

L'été sera narcissique ou ne sera pas. Pendant mes vacances, je m'amuse à publier à nouveau quelques billets dont le souvenir s'est imposé un peu par hasard. Loin d'un best of, je vous livre ces billets en espérant qu'ils vous  feront passer un moment agréable.

C'est un post du 30 mai 2009. Ce post a été refait le 4 août 2009, les photos étant regroupées (plus nombreuses) en diaporama (VOIR). Au final, je préfère cette version initiale.

Il fut un temps où je me sentais agressé par les tags et graffitis, irruptions perçues comme barbares dans nos cadres urbains, vécues comme des formes étrangères, non souhaitées, imposées. Je me sentais aussi agressé par le rap.

Puis je me suis rendu compte que le rap me parlait, à moi aussi et s'adressait, dans une forme sans doute ignorée, un peu obscure, à ma dimension humaine. Les tags et graffitis ont su aussi m'apprivoiser, jusqu'à ma rencontre avec les murs amicaux de la rue des Thermopyles, dans le XIV° arrondissement de Paris. Là, les tags et graffitis faisaient sourire des murs voués à l'ennui et à la lamentation, en gerbes colorées de formes arondissant les angles, de phrases déphasées, de slogans non formatés par une pensée dominante. Je me souviens du mouton philosophe qui dit "meuh", montrant qu'il parle les langues étrangères et refuse le cantonnement et le bêlement conventionnels. Pendant plusieurs saisons, je suis revenu photographier la rue des Thermopyles, sous différentes lumières. Tags et grafes, loin de gêner, avaient redonné vie à des bavures architecturales et contribuaient à l'amabilité du quartier.

C'est avec stupeur que j'ai découvert il y a peu que les œuvres gentiment anarchiques de la rue des Thermopyles avaient disparu, recouvertes par une substance grise sale et épaisse. Des dizaines de mètres linéaires d'œuvres spontanément fantaisistes avaient rendu l'âme après le passage des flics du détersif. Agressé, cette fois, je le fus, à la vision sinistre de ces dizaines de mètres linéaires de murs rendus à leur monotonie raide, militaire (j'ai consacré un premier post à la rue des Thermopyles et à ses bas reliefs aujourd'hui disparus, le 23 mai, et j'y reviendrai en photos, car la police des mœurs non conformes à l'esprit policier du temps n'a pas réussi à tuer complètement le charme de l'endroit).

J'avais un peu boudé l'expo du Grand Palais (organisée sous le patronage de Christine Albanel, Ministre de la Culture, de la Communication et du Grand Flicage d'internet), craignant une institutionnalisation pompière et marchande d'un art de la rue né d'un esprit de rébellion, sous le manteau protecteur de la nuit (réécoutez L'affiche rouge de Louis Aragon et Léo Ferré : "Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant / Mais l'heure du couvre-feu des doigts errants / Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE / Et les mornes matins en étaient différents "...). Mais l'annonce d'une Nuit du Street Art, à l'ombre de l'Église Saint-Sulpice, avec en invitée d'honneur, non la terne Albanel, mais Miss Tic (dont une des œuvres a été détruite comme un "vulgaire tag" à l'occasion du nettoyage crétin de la rue des Thermopyles) m'a donné envie. Que Les petits pavés rencontrent les Arts de la rue m'a semble aller de soi.

Alors, comme j'ai trop écrit aujourd'hui, s'agissant d'arts visuels, voici quelques photos de cette manifestation sans cravate ni attaché-case.

Prochain rendez-vous, Le Jour J, Festival européen du graffiti, les 13 et 14 juin (renseignements, cliquer ICI)