Crossroads

Par Eric Mccomber
Marrant, quand on est un peu bluesman, de se rendre compte qu'on passe sa vie à la croisée des chemins. Et qu'après tout, on va de croix en croix, que même en traçant tout droit, y a toujours au moins les roues qui tournent en rond, capteurs de rêves, minicycles, recyclettes et microrévolvutions en rotativités dans les grandes bouboucles qui vroulent, croulent et déroulent. Y a pas que Rosie, ni la Gaxuxa, ni la Terre, y aussi ma tête, qui tourne. Et où suis-je? Toujours debout, juste là, au-dessus de mes pieds. Toujours tout aussi ébloui, ébahi, stupéfait.

Mon grand pote Bjorn
J'ai abouti ici, là… Tu vois? Où je travaille au pic et à la pioche au fond de ma petite mine, sous les trois bras de Bjorn, le noyer cyclope, ce qui est presque marrant, pour cause que c'est pour ne pas me faire engloutir par une noyade que j'ai giclé du peloton à coups de pédales il y a maintenant trente-six mois et onze jours.
Je plante mon fer jour et nuit dans la pierre et la terre qui ne s'appartiennent qu'à elles mêmes, que je pille malgré tout de bon aloi et les pépites ne valent pas un caillou, mais pourtant, je n'imagine rien, mais absolument rien de mieux à faire et je remonte tout ça à la lumière, sacoche après sacoche. J'empile tout ça à l'entrée de la villamolle. Si, si. Pour moi, basta, ça brille. La pluie lave tout. Ça chatoie, ça étincelle et ça miroite. Les éclats me font cligner des yeux quand le cagnard remet ça; j'abaisse la visière de ma casquette, je me crache dans les paumes et j'y retourne; vas-y, je me siffle, du nerf, han, han, han! Puis :— Eh, l'Ogre, viens taxer ça, gros crisse de cave.
—© Éric McComber