La prison (Pierre Jean Jouve)

Par Arbrealettres


La prison

Un homme était emprisonné
Il étouffait sous la méchanceté des murs
Voulait-il les effacer voulait-il les oublier
Les murs faisaient monter sur lui le cafard des choses
Les murs lui apportaient les monstres variés de son
passé
Voulait-il les apprivoiser ils grimaçaient comme des
bêtes
Et se rapprochaient
Et lui parlaient
Bientôt il n’aurait plus que l’espace de son corps
Suaire de pierre
Ensuite ils feraient éclater son corps et puis le cœur
de son corps —

Un Ange survint, écarta les murailles
On revit le soleil le monde illimité.

(Pierre Jean Jouve)

Illustration