LA REINE DES POMMES ( De Valérie Donzelli )

Publié le 03 août 2010 par Devotionall

CINEMA : LA REINE DES POMMES

Vous pensiez donc vraiment que pour réaliser un long métrage, à l'air de la 3D débordante, il fallait disposer au moins du PIB du Méxique et du soutien d'un pool de banquiers suisses pour assurer la post production? Que nenni, et Valérie Donzelli le prouve de manière éloquente, avec LA REINE DES POMMES, petit film sans prétentions "à la française" qui vient de sortir également en Dvd. La réalisatrice donne dans le "cheap" et le film en solde, catégorie troisième démarque, tout doit disparaitre. Son travail semble être à la portée de n'importe quel smicard tant cette Reine fleure bon le manque de moyen, le budget serré. Y est narrée l'histoire d'Adèle, qui vient de se faire larguer par son mec et qui plonge par la même dans un état depressif dont elle est persuadée de ne pouvoir guérir. La lente réhabilitation va s'opérer avec l'aide d'une cousine qui l'héberge, et l'incite à fréquenter d'autres mecs pour oublier. A coucher, aussi. Là où le film économise d'avantage encore, c'est avec le cast réduit : tous les nouveaux amants d'Adèle sont interprétés par le même acteur (Jérémie Elkaïm), qui était déjà le premier jeune homme qui l'avait abandonné en début de pellicule. Le hic c'est que Elkaïm a le charisme d'une tanche fraichement pêchée, et que son ton monocorde, genre premier trimestre du cours Florent, aurait toute raison d'être dans un meeting de Montebourg, mais passe beaucoup moins aisément sur grand écran. Quand au rôle féminin principal, c'est la Donzelli elle même qui s'y colle. Ce qui n'est pas une mauvaise idée car sa présence singulière et lunaire donne du sel à l'ensemble. D'ailleurs on finit tout de même par se prendre au jeu de cette aventure romantique et drolatique, qui flirte par moments avec la comédie musicale (plusieurs fois Adèle pousse la chansonnette, fort heureusement on ne dérape jamais vers un remake bon marché du déjà fort insupportable "Les chansons d'amour"). Feydeau n'est jamais très loin dans cette Reine des pommes qui explore, dans sa seconde partie, le registre du théâtre de boulevard, des amants qui entrent, sortent, se cachent et s'exposent, avec de ci de là de gentilles petites scènes de sexe plus excitantes et piquantes qu'elles n'y semblent à première vue. A tous ceux que de gros monstres verts complétement débiles, les combats mythologiques hollywoodiens ou les contes de fée revisités par de pseudos génies surcotés agacent encore plus depuis qu'ils nous sont servis en 3D surtaxée avec lunettes bactériologiques à l'appui, ce film de Valérie Donzelli pourrait être un début d'antidote parfait. Comme quoi être fauché et habitué à tourner dans la dèche n'est pas forcément un mal pour le cinéma gaulois.