Jean-Luc de Gélibert, 44 ans, et Michel Pellin, 47 ans, tous deux salariés dans la restauration, vivent en couple depuis 16 ans.
Ils ont vécu durant quatre ans à Toulouse avant d'arriver à La Palme, en plein centre du village, dans la Grand Rue, en 1998.
Depuis douze ans, ils vivent un cauchemar dans leur village. Aujourd'hui, ils souhaitent déménager.
Ils ont trop de peine, de mal et trop peur aussi.
Ils pensent même au pire, ils disent "C'est clair, on peut s'attendre à tout".
Les deux hommes pensent aujourd'hui renoncer et aller s'installer ailleurs.
Ils ont eu assez de quolibets, de menaces, de crachats, d'insultes, ils disent "On est écoeuré".
Le 19 juillet 2010, ils ont retrouvé les quatre pneus de leur voiture crevés.
Ils racontent "Quelqu'un a balancé des pots de peinture dessus. Il y en avait également plein la voiture. Cette fois, c'est trop. Ça fait quatre ou cinq fois, en plus, qu'on nous crève tous les pneus".
Ils disent "Dès le début, on s'est fait traiter de sales pédés et j'en passe... "A mort les pédés", on connaît... On ne compte plus les fois où les gens changent de trottoir quand ils nous voient. Au bout de deux ans, on a voulu réagir. Les gens ont des flingues à la place des yeux".
Un matin, ils découvrent le pare-brise de leur voiture défoncé.
Un autre, un garagiste leur apprend qu'on leur a coupé le câble des freins.
Depuis leur arrivée dans le bourg, Jean-Luc et Michel ont porté plainte à sept reprises à la gendarmerie de Port-La Nouvelle, sans succès.
Aujourd'hui, ils viennent d'envoyer deux courriers au procureur de la République.
Le couple avait jusque-là choisi de faire front sans se laisser impressionner, refusant de baisser les bras et de déménager.
Grâce à la parution d'un article dans le quotidien régional L'Indépendant, les deux hommes se sentent un peu plus soutenus.
Ils déclarent "Nous sommes constamment au téléphone ou sur Internet pour répondre aux messages de soutien venus de partout. Certains nous proposent même de créer des associations ou des comités de défense des droits, du civisme, etc. Mais même si beaucoup de gens au village nous ont surpris par leurs témoignages de sympathie, nous n'avons plus la force de regarder ces gens qui nous ont ignorés pendant des années et qui se rendent compte seulement maintenant que ça craint".
Et le pire est l'indifférence que cette homophobie suscite, même de la part de ceux qui doivent faire respecter la loi.
Seigneur, pourquoi la différence est-elle rejetée et fait-elle si peur?