“Vite, comme si quelque chose derrière elle l’eût...

Publié le 07 août 2010 par Mmepastel

“Vite, comme si quelque chose derrière elle l’eût rappelée, elle se tourna vers sa toile. Oui, il était là, son tableau. Il était là avec tous ses verts et ses bleus, ses zébrures perpendiculaires et latérales, son effort pour réaliser quelque chose. “On l’accrochera au mur d’une mansarde, songea-t-elle ; il sera détruit. Mais qu’importe ?” se dit-elle, reprenant son pinceau. Elle regarda les marches : elle étaient vides ; elle regarda sa toile : elle devenait confuse. Avec une intensité soudaine, comme si, l’espace d’une seconde, elle l’apercevait avec clarté, elle traça un trait, là, au centre. C’était fait ; c’était fini. “Oui, songea-t-elle, reposant son pinceau avec une lassitude extrême, j’ai eu ma vision.”“

Promenade au Phare, Virginia Woolf, 1927.

Peinture d’Alfred Wallis, peintre de St-Ives.