Les lettres lauréates de la Poste restante

Par Venise19 @VeniseLandry
Enfin, je peux vous dire deux mots sur la sympathique cérémonie d’ouverture des Correspondances d'Eastman qui s’est déroulée au Parc du temps qui passe. Sous un soleil de plomb, au coeur d'une nature luxuriante, parmi des lauréats heureux, peut-être intimidés d’être vus et entendus, grâce au comédien Dany Boudreault et la comédienne et auteure, Francine Ruel qui en ont fait la lecture. Après de brefs mots de remerciement et de transmission d’informations, l’animatrice Danièle Bombarbier est vite passé au cœur du sujet : la lettre.
Les cinq lettres retenues parmi les quinze finalistes, celles-ci sélectionnées parmi une centaine de lettres reçues dans le cadre du concours de La Poste Restante, ne s’est pas fait sans peine. Une très bonne cuvée, si on se fie à la qualité des cinq présentement exposées dans tout leur éclat sur la passerelle nous menant à chacun des Cafés littéraires, quatre par jour ces temps-ci.
Ah, si j’avais un tambour, je vous ferai entendre son tam-tam pour faire durer le suspense qui a pourtant assez duré ... particulièrement pour les finalistes !
Les voici donc ces cinq lettres lauréates dont je vous offre un court extrait, juste pour vous donner le goût de les lire en entier sur le site des Correspondances vers la mi-août.
Gilles Beauregard, Lachine
Une lettre adressée à son géniteur qui commence ainsi « C’est la première lettre à mon géniteur » et se termine « C’est la dernière lettre à mon géniteur » en passant par « avant même que je naisse, avant même que j’arrive ... tu étais déjà parti, sans savoir que j’aurais pu être ta fille ou ton fils.
Brigitte Caselles, Magog
Une lettre adressée au poète Arthur Rimbaud.
« Mon ami, je voulais aujourd’hui te dire merci. Pour m’avoir apprivoisée à moi-même, m’avoir fait découvrir l’univers tourmenté de sombre beauté qui fût le tien et surtout, surtout fait découvrir la poésie ». Ton amie, Brigitte
Francesca Gagnon, Sherbrooke
Une lettre adressée à Monsieur Desjardins, le mythe d’une fillette.
« Les aiguilles de l’horloge ne bougeaient plus. Quel drame pour la fillette que j’étais à l’époque ! C’est alors que vous avez chuchoté un secret à mon oreille « Je suis le maître du temps ».
Marie-Ange Pongis-Khandjian, Québec
Une lettre adressée à un chien Wouf (Mira)
« J’ai l’impression de t’avoir attendue pendant des siècles, mais nous étions tellement faits un pour l’autre que nous n’aurions pas pu ne pas nous rencontrer ! J’ai fait ta connaissance du bout des doigts, et tu as fait la mienne du bout de ta langue »
Anne Langlois, Saint George sur la Prée (FRANCE)
Une lettre adressée à Monsieur (et notez que je ne vous dis pas cher monsieur car vous ne l’êtes certainement pas). « C’est vous qui m’avez appris l’inégalité sociale et que, des pauvres, on pouvait tirer et la sueur, et le plaisir sale qu’on n’ose pas prendre parmi les siens. C’est vous qui m’avez appris l’arrogance du riche qui s’autorise toutes les licences, persuadé que son argent lui assure, et lui assurera, l’impunité ».
Pour la lauréate, Anne Langlois, celle-ci habitant la France et fréquentant le Passe-Mot, j'ai été mandatée, par elle, pour aller chercher son prix des mains du maire d'Eastman, ce qui m'a beaucoup émue ... pour elle (vous savez comme moi que certains se tissent derrière les écrans).
Au moment où je vous écris, des gens s’arrêtent pour les lire. Les assimiler, les aimer. À leur préférée, ils apposent une étoile. Plein d’étoiles brillent sur chacune de ces cinq lettres et, je l'espère dans les yeux de leurs auteurs épistoliers.