Sondage sur l'insécurité : le bidonnage du Figaro

Publié le 08 août 2010 par Juan
La semaine dernière, le Figaro a publié, d'abord sur son site puis le lendemain dans son édition papier, les résultats d'un sondage Ifop sur l'avis des Français sur les propositions de Nicolas Sarkozy en matière de lutte contre l'insécurité.
Le sondage a pu jeter un trouble, pour celles et ceux qui croyaient que les déclarations sécuritaires de Nicolas Sarkozy étaient si outrancières qu'elles ne pouvaient convaincre. Las, ces derniers furent évidemment déçus, le sondage révélant un très fort soutien des personnes interrogées, y compris à gauche. Mais depuis vendredi, et la publication dudit sondage, nombre d'analyses et de commentaires sont venus jeter un autre trouble sur les conditions dans lesquelles ledit sondage s'est déroulé.
1. Le sondage a été entre les 3 et 5 août. Or 70% de nos concitoyens partent en vacances. Réaliser un sondage en période de vacances est inhabituel dans la profession.
2. Le sondage a été réalisé par ordinateur. Devançant les critiques, l'iFop a publié une réponse méthodologique le 6 août dernier. Comment constituer un échantillon représentatif de la population, en plein mois d'août, en se limitant aux Français «connectés» ? Un petit tiers des Français n'ont pas accès à internet. Dans sa réponse, l'Ifop répond notamment que la population internaute a désormais le même profil que la population française. L'Ifop oublie de répondre à l'autre question cruciale : un Français connecté pense-t-il comme un Français non connecté ?

3. Les réponses «sans opinion» n'ont pas été prises en compte. C'est pourtant le B-A-BA du sondage. Normal, le sondage ne les prévoyait pas. En d'autres termes, le sondage donne une tendance des opinions positives ou négatives uniquement, ce qui a pour effet de gonfler les clivages.
4. La taille des sous-échantillons, par opinion politique, suscite quelques questions: l'Ifop mentionne dans ses tableaux que les résultats concernant les supporteurs de Lutte Ouvrière, du NPA, du Front de Gauche et ... de Jean-Marie Le Pen sont, dixit, «à interpréter avec prudence en raison de la faiblesse des effectifs» des sondés correspondants, inférieurs à 50.
5. Les questions sont biaisées. Il s'agit de se prononcer aux propositions sarkozyennes telles quelles, sans éléments de contexte ni d'alternatives. S'agissant des Roms, aucune définition n'est fournie. Aucun rappel des manques de places de campements non plus. S'agissant de la déchéance de nationalité, aucune question sur le «degré» de «Francitude» requis n'est évoqué.
6. Le sujet d'ensemble, la lutte contre l'insécurité, n'est pas replacé dans son contexte : les Français ont-ils le sentiment d'être davantage insécures qu'avant ? L'insécurité devance-t-elle le chômage ou la précarité dans leurs préoccupations du moment ? Cette lacune est moins le problème de l'iFop, simple prestataire, que du Figaro, le commanditaire.
7. Ce sondage a-t-il également été cofinancé par l'Elysée ou le gouvernement ? On se souvient du second rapport de la Cour des Comptes, en juillet 2009. La Cour avait révélé à l'époque que l'Elysée avait cofinancé près de 200 sondages en une année.

Le sondage sur la sécurité qui fait polémique...
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