Les Feuilles Mortes... Autumn Leaves

Publié le 09 août 2010 par Yannpapas
Ça fait bien longtemps que je ne vous ai pas fait un article sur un toune, ça me manquait un peu. En fait, c'est en rédigeant mon précédent post, sur la scène jazz du FestiVoix, en écoutant la version du Coconut Groove, que m'est venue l'idée de traiter de cette superbe chanson, Les Feuilles Mortes.
Elle est née en 1945 d’une musique de ballet (Le Rendez-vous) composée par Joseph Kosma, sur laquelle Prévert a écrit des paroles simples et superbes. La chanson fait partie de la Bande Originale du film de Marcel Carné, Les Portes de la nuit, sorti en 1946. Au départ, elle devait en être le générique.
C'est Yves Montand qui l'interprète dans le film ; il a prétendu avoir été le premier à la chanter et tout une polémique s'est développée autour de cela. Mais je n'y entrerai pas car cela gâcherait un peu le plaisir que j'ai à écouter Montant la chanter :

Je me demande si je ne préfère pas la version du "Papé", quelques années plus tard. Il y a peut-être un peu plus d'émotion et de nostalgie dans cette interprétation :

C'est la chanteuse Cora Vaucaire qui la première a enregistré Les Feuilles Mortes. Son interprétation reste un grand classique :

Depuis 1945, des interprétations différentes de cette chanson, il y en a eu, des centaines... J'ai essayé, comme d'habitude, de vous faire une petite sélection, subjective, bien entendu.
Je vais commencer par ma préférée, celle de"l'Iguane", le déganté et fabuleux Iggy Pop, qui arrive toujours à nous surprendre par sa capacité à s'approprier les tounes en leur insufflant une dose d'émotion très personnelle :

The Godfather of Punk nous fait du jazz et c'est excellent !
Je poursuivrai avec une autre Américaine, mais spécialiste du jazz cette fois, la très sympathique et francophile, Dee Dee Bridgewater :
Il y a déjà une bonne touche de salsa dans la version de Dee Dee mais un Français, que j'adore, en a fait une version encore plus latino, le Grand Bernard Lavilliers :

J'aime bien aussi, cette interprétation de Michel Jonasz, très différente, toute en douceur comme il sait très bien le faire :

Enfin, en guise de transition avec la seconde partie de l'article, je vous propose la version d'un compositeur de génie, Michel Legrand, accompagné d'un musicien de génie, Stéphane Grappelli :

En effet, je vais maintenant vous parler des interprétations instrumentales, principalement jouées par des jazzmen et des versions anglaises des Feuilles Mortes.
En 1949, Johnny Mercer, prolixe auteur-compositeur américain, traduit les paroles de Prévert (photo ci-contre). La chanson, Autumn Leaves en anglais, connait un succès remarquable et devient un standard du jazz. Elle sera reprise plus de 600 fois.
Notons qu'Yves Montand qui rencontrait pourtant un grand succès dans le monde anglo-saxon, s'est toujours refusé à chanter Les Feuilles mortes en anglais.
En revanche, Edith Piaf l'a fait :

Deux crooners que j'adore ont également chanté Autumn Leaves, l'incomparable Franck Sinatra et l'indémodable Tom Jones :


Mais j'ai un faible pour l'interprétation de Nat King Cole, toute en douceur et en simplicité :
Quant aux reprises féminines, j'en ai sélectionné deux, très différentes. Je trouve celle d'Eva Cassidy particulièrement touchante :

Celle de Grace Jones est totalement à l'opposé, à l'image de la Diva, extravagante et disco :

En ce qui concerne les version jazz instrumentales, il y en a pléthore !!! Je vous en ai sélectionné quelques unes qui me plaisent bien. D'abord celles des joueurs d'instruments à vent, à commencer par le plus grand, Miles Davis.
Sur cet enregistrement réalisé lors d'un concert à Milan en 1964, il est accompagné de Wayne Shorter au sax tenor et d'Herbie Hancock au piano, excusez du peu !!! Quatorze minutes de plaisir :

Les deux suivantes sont aussi l'œuvre de grands musiciens. La première, assez enlevée, est un duo entre Chet Baker à la trompette et Paul Desmond sax alto.
La seconde, plus tempérée, est jouée par un saxophoniste que j'adore, The Sound, Stan Getz :


Je vous propose ensuite deux versions par des pianistes. Tout d'abord, Bill Evans, puis Keith Jarrett. J'ai vraiment un faible pour cette dernière, un peu plus gaie et entrainante et moins "classique" :


Pour que les guitaristes ne soient pas en reste, voici la version de Biréli Lagrène :

Et enfin, the last but not the least, El rey del timbal, Tito Puente :

Pour conclure cet article automnal, voici le plus bel hommage qui ait été fait aux Feuilles Mortes, par un des plus grands auteurs de la chanson française, Serge Gainsbourg, La Chanson de Prévert :

Ne croyez pas que cet article révèle mon impatience d'être en automne. Bien au contraire, je déteste cette saison. J'ai envie de profiter à fond de cet été merveilleux !!!