Ratatat on drugs

Publié le 09 août 2010 par Acrossthedays @AcrossTheDays

« J’ai toujours été fasciné par les banques d’images et les collections d’images d’archives. Des heures et des heures de contenu qui pour la plupart n’a pas été créé pour une utilisation bien définie, mais attend bien sagement d’être choisi et utilisé pour un reportage ou un documentaire. Sur Getty Images, il suffit de chercher ‘Homme d’affaires stressé’ ou ‘Vieil homme souriant’ pour avoir des centaines de résultats très pertinents. Il y a une qualité surréaliste dans ces mises en scène, et le plus souvent un humour sombre vraiment étrange émane d’elles. Un mauvais jeu d’acteur, des émotions forcées, un éclairage mauvais … Ce sont ces choses-là qui rendent des vidéos uniques et ce sont des qualités que j’ai voulu voir apparaître. »

Voilà ce que déclare l’artiste Carl Burgess de Blink Art quant à l’utilisation de ces images pour le nouveau clip des Ratatat. Ratatat et sa track, en un seul mot, l’évocateur « Drugs ». Quoi de mieux que d’apposer des images de gens riants sur commande, pleurant pour l’occasion et parfois affublés d’un étrange sourire carnassier sur une chanson sans paroles dont la seule chose écrite à son égard concerne les « drogues » ? Forcement, cela entraine des centaines et des centaines d’hypothèses lorsque la musique laisse place à l’image. Ces personnages sont-ils l’évocation d’un rêve américain qui partirait en fumée derrière un masque de drogue ? Le reflet d’un mal être qu’ils cachent par un masque d’émotions feintées ? Ne seraient-ils que la pale copie de ces mannequins qu’on nous vend à  longueur de journée, sourire Colgate (TM) aux lèvres ? Une pale copie donnant à voir les faiblesses de ces visages toujours souriants et cocasses, mais en réalité sous l’effet d’une drogue ?

Tout le monde essaie de comprendre le pourquoi de ces images, en quoi elles sont un lien saisissant avec ces visages déformés, cette lumière caverneuse  laissant apparaître des défauts, ces mêmes défauts que chaque bon publicitaire a aujourd’hui la possibilité de gommer d’un seul coup de souris. Et puis ce fond d’un gris terne qui semble se mouvoir derrière eux, comme un certain brouillard qu’auraient mis en place les archivistes, pensant avoir trouvé une ambiance rassurante et sereine, parfaitement en osmose avec les scènes proposées. Ces images sont d’une mocheté imparable, mal faites, avec des acteurs pitoyables essayant vainement de jouer sur des émotions qu’ils ne semblent pas maîtriser. Mais en lien avec la chanson Drugs du duo New-Yorkais, elles semblent prendre tout leur sens, signifier quelque chose sans que l’on sache vraiment ce qu’il en est et comment y mettre le doigt dessus. Un peu comme lorsqu’on se reveille et qu’on essaie de se souvenir d’un rêve qui vous échappe petit à petit : on sait que c’était bien mais impossible de savoir pourquoi.



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