Calaferte (et l'été)

Publié le 10 août 2010 par Ceciledequoide9
Bonjour à celles qui portent des robes
Bonjour à ceux qui les regardent
Bonjour à celles et ceux qui aiment Louis Calaferte
Bonjour aux zotres


J'aime Louis Calaferte d'une admiration profonde, littéraire, émue, troublée, instinctive, quasi-identitaire et totalement évidente comme l'est pour moi le fait d'aimer Paris et certains parfums. Ce n'est pas un hasard si je lui ai consacré 2 messages quelques jours seulement après le démarrage de ce blog donc un où vous pourrez lire deux extraits de romans et deux poèmes de l'auteur.
Il y a 2 jours, j'ai lu sur un blog un aphorisme vestimentaire qui m'a immédiatement fait songer à une phrase de Louis Calaferte que j'avais lu dans la formidable anthologie Choses dites organisée autour de la récitation des pronoms personnels et de la déclinaison des modes verbaux. J'en ai parlé dans cet autre message en citant quelques morceaux choisis dont la phrase à laquelle je fais référence plus haut. Elle m'avait tellement plu que je l'avais utilisée parmi d'autres mots de l'auteur pour une sorte de carte de voeux-florilège-accordéon que j'avais confectionnée pour mes ami(e)s il y a une quinzaine d'année.
Croquis de Christian Lacroix pour les costumes de l'Opéra Agrippina de Haendel.
La phrase en question est "Elles lacent leur sensualité dans des frissons de robe". Apparemment, elle est extraite d'un poème que je ne connaissais pas et que j'ai trouvé sur le forum Grain de Sel sous le clavier de quelqu'un avec qui, à une certaine époque, j'avais l'habitude d'échanger virtuellement notamment à propos de littérature. Je ne résiste pas à l'envie poétique de le recopier ici et d'en ajouter un second qui pourrait presque être considéré comme une suite (ou une conclusion) du second.
Après-midi femelle
Elles lacent leur sensualité dans des frissons de robe.
Il y a les tissus-cuisses,
les tissus-seins,
les tissus-fesses,
les tissus-tailles,
les tissus-hanches,
les tissus-pinces,
les tissus de l’ampleur qui sont l’entrée promise,
il y a les durs tissus-pubis, carénés, ostensibles.
Elles sont l’oecuménisme des foules ;
faites pour être communiées,
conduites entre les glaives,
jugées et condamnées,
souffletées, flagellées,
bardelinées d’épines et cassées sous nos croix.
Elles sont le noir reflux d’une vieille démence.
Les dimanches de la Passion
Je les crucifie flegmatiquement dans mon oeil.
Hommes et femmes

Insectes de familles différentes
Se croisant sur un brin d’herbe.
Quelques attouchements d’antennes,
Puis chacun repart de son côté.