P comme "Perron de l’opéra"

Publié le 12 août 2010 par Jeanyvessecheresse

Fumée de cigarette. Et jazz. Dedans et dehors. Notes tremblées qui montent à l’assaut de l’Hôtel de Ville où, écrasés de chaleur, on attend les vacances en triturant des dossiers. Des lambeaux de triples croches s’accrochent aux crépis des façades de la place. La mousse des bières fraiches chuchote du Count Basie. Sur la place Pradel le disque d’Ipousteguy, rayé d’eau, joue du Labbé : « permet m’amour penser quelque folie ». Les skates claquent sur les dalles et leurs raclements scandent des rythmes free.

Les amis se sont retrouvés sur le perron de l’opéra ce soir d’été. Discussions passionnées et sourires échangés. Un homme seul aux cheveux blancs rêve d’ailleurs enfouis dans les plis du temps. La lumière se teinte d’orange en s’infiltrant dans la trame des grands rideaux. Elle coule discrète entre les tables et dessine sur le sol les découpes dansantes de Matisse.

La mousse me dessine des lèvres blanches et amères. La lanterne rouge attend son heure.


Perron de l’opéra, acrylique sur toile, 50x65 cm

Jean-Paul Schmitt.