Comics Trip - Fin de regne

Publié le 20 décembre 2007 par Benjamin Mialot
What if en quatre volets réalisé par le Canadien Kaare Andrews, Spider-Man : Reign (L'Empire en VF chez Panini) doit beaucoup au Batman : The Dark Knight Returns de Frank Miller. Comme dans cette incontournable variation dédiée au justicier masqué de Gotham, on y suit la retraite décadente d'un héros qui a tout perdu, laissant sa ville aux griffes du crime, jusqu'au jour où l'étincelle rejaillit le temps d'un dernier (?) acte de bravoure. En l'occurence, ce héros décati, c'est Peter Parker, vieil homme isolé, pauvre, abattu par une tragédie intime et oublieux de sa devise. Un vieillard qui va finir par enfiler à nouveau le masque qu'il avait mis de côté, pour libérer New-York de l'Empire, une organisation fascisante au service d'un maire manipulé, prêt à recouvrir la ville d'une toile énergique censée prévenir l'entrée de tout super-être. Octopus en cadavre ambulant thérapeute, Jonah Jameson en prophète de la révolte, le symbiote Vénom qui de menace tapie devient une apocalypse affamée, quelques ennemis historiques qui jouent la milice de choc (Kraven, Mysterio, Le Scorpion...) : tout le folklore classique du personnage est convoqué dans cet oeuvre au noir, place du masque, échec conjugal et discours sur le pouvoir et les responsabilités compris (sans oublier cette belle idée selon laquelle le symbiote a toujours préféré Parker à Brock).
De ce détournement, Andrews tire ce qu'il faut de fulgurantes décharges mélancoliques et de visions crépusculaires (la Grande Pomme, battue la pluie, avalée par la nuit et dépeuplée par le couvre-feu) pout faire oublier les quelques incrustations informatiques qui nuisent à son graphisme, lui aussi imprégné de celui de Miller. Evidemment, en passant après le travail de l'auteur de Sin City ou après le Watchmen d'Alan Moore (qu'il évoque également), Reign manque un petit peu de personnalité. Grief vite enterré par la splendeur des couvertures (surtout) et des planches d'Andrews (aidé par José Villarrubia aux couleurs), par la souffrance, la violence psychologique et la tension graduelle qui élèvent ce récit pour en faire plus qu'un en-cas pour fanboys.
Spider-Man : Reign (Marvel) - 2006-2007
Verdict du Père Siffleur