Critique en avant-première : The Runaways (par Jango)

Par Jango



Synopsis :

Biopic consacrée à la chanteuse Joan Jett et à son groupe de rock entièrement féminin pendant les années 70.

Critique :
On ne peut pas vraiment dire que je connaissais Les Runaways avant de voir le film. Évidemment, le nom de Joan Jett ne m’était pas inconnu puisque le titre « I Love Rock’nRoll » reste une valeurs sûre que l’on entend régulièrement, mais l’histoire de ce groupe d’adolescentes m’était totalement étranger. La mise en chantier d’un biopic leur étant consacré relèvait d’ailleurs presque de l’exploit tant leur carrière fut courte, de 1975 à 1979. 
Et pourtant, force est d’admettre que The Runaways -le film- se trouve être un biopic avec de grandes qualités, certes classique dans sa construction mais ultra dynamique, prenant et surtout porté par les étonnantes mais exemplaires prestations des ex de Twilight, Kristen Stewart et Dakota Fanning.
Premier long-métrage de la clippeuse Floria Sigismondi, le film ne balaye pas à l’inverse d’autres films du genre l’intégralité de la vie du groupe. Le focus sera surtout mis ici sur la cadette Cherie Currie, depuis son arrivée lors de la formation jusqu'à son départ. Avec sa photographie vintage et délicieusement rock, le film reste dans les sentiers classiques du style sans tomber dans le descriptif outrancier de la vie des filles. S’arrêtant sur les moments phares, il permet de suivre la vie éphémère de ce groupe de nanas voulant (et réussissant il va sans dire) à jouer à égalité avec les mecs. Rebelles jusqu'aux ongles, elles permettront de débrider certains aprioris macho de l’époque sur le fait que le rock n’était pas une zik pour les gonz…dixit le prof de musique de Joan Jett qui clamait que les filles ne jouaient pas de guitare électrique.

Du casting dans une caravane de Cherie jusqu’aux tournées Japonaises en passant par les sessions promo et de photoshoot, le film peint une fresque non exhaustive de la vie incroyable de ces ados élevées au rang de stars internationales sans qu’elles n’y soient préparées. Une ascension fulgurante qui sera accompagnée des excès évidents de l’époque, sex drog and Rock’n Roll, l’expression n’étant pas venue de nulle part.
Mais plus qu’une histoire sur un groupe, c’est surtout un tremplin magnifique pour Kristen Stewart et Dakota Fanning qui trouvent au travers de leur rôle respectif de jeune rockeuse une vraie opportunité de montrer l’étendue de leur talent, bien loin de l’exécrable trilogie vampirienne. Le charme tout en retenu de Stewart confirme qu’il faudra compter sur elle une fois le contrat Twilightien terminé tandis que Fanning continue de faire sensation après une jeunesse Hollywoodienne impressionnante. Véritablement imprégnée par le rôle, elle fascine tant par le jeu développé que par sa facilité à chanter les chansons elle-même.
Croquante et déroutante, elle est le véritable moteur du film aux cotés de Michael Shannon interprétant le producteur du groupe, Kim Fowley. Génial mais totalement excentrique et fou, il écoutera l’idée improbable de Jett de monter un groupe de filles pour les emmener au plus haut niveau. Les passages où Fowley « entraîne » le groupe sont d’ailleurs parmi les meilleurs du film, entre réalité incroyable et folie très seventies, ils sont la marque d’une époque que beaucoup regrette sur le plan musical. Le dit Fowley n’est d’ailleurs pas un inconnu puisque c’est à lui que l’on doit également la production des disques des Stoogers, de Kiss ou de Slade.

Le manque d’expérience de la réalisatrice se voit ici largement compensé par ses talents antérieurs pour offrir un montage ultra dynamique, doté d’une bande-originale qui n’a rien à envier aux meilleurs compilations rock 70’s.  
L’un des seuls problèmes que l'on peut noter provient d’un choix artistique pris lorsque la jeune Cherie Currie, totalement dépassée par la notoriété, mis de coté par ses copines en raison de pubs plus ou moins érotiques shootées en solo, fatiguée par les déplacements incessants et le rythme des concerts, décide de terminer l’aventure. On pense donc logiquement que le groupe se meurt avec son départ laissant l’autoroute à Joan Jett en solo, alors que le groupe survivra encore quelques années sans sa jeune chanteuse. Ceci étant, on ne pourra pas véritablement reprocher ce choix car il est évident que le rythme aurait pu en pâtir, la réalisatrice préférant conserver le dynamisme donné.
Qu’on se le dise, The Runaways s’est révélé être une véritable surprise, un film biopic vraiment prenant, poignant et toujours dynamique. Les trois interprètes principaux sont dirigés d’une main de maitre et l’on ne peut que regretter que le film n’ait pas été très bien accueilli outre Atlantique. En tout cas, une chose est sûre, we love rock’n roll !
The Runaways sera projeté en avant-première dans le cadre de l’Etrange Festival au Forum des Images ainsi qu’au Festival du film américain de Deauville
A découvrir ci-dessous, l'interprétation original de Cherry Bomb et la version "Dakota Fanning". C'est saisissant !

Cherry Bomb à l'époque :

Cherry Bomb dans le film :



Sortie officielle française : 15 septembre 2010