José Rodriguez

Publié le 16 août 2010 par Ruminances

Posté par lediazec le 16 août 2010

Dans le journal d'un génie, Salvador Dali, ce fou concret, écrit beaucoup de belles choses. Parmi elles, celle-ci : « J'ai assis la laideur sur mes genoux et je m'en suis presque aussitôt fatigué. » Un peu plus loin, il ajoute : « Nous avons tous faim et soif d'images concrètes. L'art abstrait aura servi à cela : rendre sa virginité exacte à l'art figuratif. »


Olivier Bourdic est un homme concret dans une pensée barbouillée avec le noir de ses brouillons. Un art de vivre et de respirer. Olivier noircit et se noircit dans des pages hallucinées, mettant sa personne physique à l'abri d'une pensée dévastée par la colère ou par la rumeur de celle-ci. Quel médium utilise-t-il pour réussir son mélange ? Nul ne sait. Le sait-il lui-même ?…


Quand il a fini de noircir le fond de son vers, il en commande un suivant, qu'il se fait offrir par son voisin de tablée, son inspirateur, avec qui il partage d'autres émotions. Normal, Olivier n'a pas de nom. Comment faire pour le poursuivre en justice pour impayé ? Caché derrière ce qu'il croit être un pseudonyme, un ornement, il dit attendre son heure. Dans six ans, affirme-t-il.


Rémi Begouen nous a gratifié la semaine dernière d'une brévitude, l'épluche-mémoire, dans laquelle Olivier se pense comme le neveu de René Fallet. A moins qu'il ne s'agisse de la réincarnation contemporaine de Victor Nazaire, ou l'illustration prosaïque de Nestor, le neveu de Victor, allez savoir. Avec ce genre d'apache, nous sommes sur la piste d'un indien égaré dans le tumulte de l'histoire. La sienne et la nôtre.
Voici une suite en forme d'hommage
:

A la mémoire de José Rodriguez,

Pour Manola et Nadine,
et Yannick Möello, mon cousin espagnol-breton José : exilé espagnol fuyant le franquisme de 36, accompagné fidèlement par son épousée Manolita, et parqué(es) directement comme il se doit dans un camp français (ah ! monsieur Blum, le pacifisme possède hélas lui aussi ses limites !) ; carreleur pour nourrir sa famille (tiens, il paraît que ces dernières années, José avait des problèmes aux genoux !?) ; et, ce qui ne gâche rien, l’un des plus grands peintres-dessinateurs français d’origine(s) espagnole qu’il me fût donné de rencontrer…

il a fallu la mort d’un peintre
il a fallu qu’un exilé
il a fallu qu’on casse sa pipe
pour qu’encore une
que la Famille
il a fallu tant d’usure et d’usure et d’usure
pour qu’encore une famille
il était une et bientôt plus
il a fallu tant de tombés au champ d'Honneur
tant de tombées aux chants donneurs
tant et tant et tant de tantes et d’oncles
tant et tant d’ouvreurs de chemins,
tant de bras, tant de coupés et tant d’étrangers couplés
tant de grands-pères, tant de grands-mères en chaises croulantes
Il aura vraiment fallu tant de trop peu et tant de choses pour rien,
Pour pas grand-chose,
Il a fallu l’usure des uns pour le réveil des autres
Et les vieux racontaient :
- C’est pour vous z’aut’ qu’on travaillait
c’est pour vous tous qu’on a trimé
et laissez-nous tranquilles
et foutez-nous LA PAIX
et allez vous faire foutre,
s’il nous plaira !
(et il nous plaît déjà, señor Rodriguez…)

Olivier Bourdic, alias, alias, alias