Les petits Bleus champions d’Europe

Publié le 30 juillet 2010 par Alexf

Les Bleuets se sont imposés 2 buts à 1 ce soir à Caen en finale du Championnat d’Europe des Moins de 19 ans (U19), prenant ainsi leur revanche sur des Espagnols qui les avaient battus 4-0 en U17 il y a deux ans…

5 ans après la génération Gourcuff, Diaby et consorts, les Bleuets sont champions d'Europe. (Photo AFP)

« On est les champions, on est les champions ». Il est 21h05 à Caen, dans un stade Michel d’Ornano encore plein à craquer, quand retentit ce refrain rendu populaire un certain 12 juillet 1998 par les « grands » Bleus, Deschamps, Zidane, Barthez et Blanc en tête. 12 ans plus tard, autre génération même rengaine. Plus de Deschamps, mais un Fofana dont la joie est plus que communicative. Et au final, le plaisir du spectateur et téléspectateur est le même. Pas à en pleurer certes mais empreint d’émotion, un mois après le fiasco carabiné de l’équipe fanion de la FFF en Afrique du Sud. Ce soir, les « petits Bleuets » (pléonasme indispensable pour ne pas le confondre avec les Espoirs) ont fait honneur au maillot français, en faisant, qui plus est, la nique aux Espagnols, la référence actuelle du monde du football toute catégorie d’âge confondue. Deux ans après la sévère défaite 4 buts à 0 face à ces même Ibères en finale de l’Euro U17, nos moins de 19 ont pris leur revanche, avec les tripes.

Qu’on se le dise, la première mi-temps des petits Bleuets (je persiste et signe) a été effrayante. Surtout pour eux. Car on a beau être derrière eux, personne n’en aurait fait un fromage s’ils avaient perdu tant cet événement passe un peu inaperçu dans le paysage sportif, la faute aux relans de Coupe du Monde, mais surtout à un athlétisme français qui brille à Barcelone, Lemaître et Diniz en tête. A Caen, les joueurs de Francis Smerecki sont passés pas loin de la correctionnelle en première mi-temps, alors même que le sélectionneur français avait aligné son équipe type afin de contrecarrer les plans des redoutables joueurs de la Rojita (la petite Roja, CQFD). Comme chez les aînés, les défenseurs latéraux ont été d’une faiblesse incroyable : Kolodziejczak s’est régulièrement fait mangé par Keko, le capitaine espagnol, tandis que Nego (joueur de Nantes, incroyable) se faisait quant à lui régulièrement manger par Pacheco et Canales, la nouvelle future star du foot ibérique. Offensivement, pas mieux pour les deux jeunes français qui ne passaient que difficilement la ligne médiane, peu aidés il est vrai par un milieu de terrain très (trop ?) lointain.

Comme chez les aînés aussi, les deux milieux récupérateurs ont trop joué sur la même ligne, empêchant tout jeu dans la profondeur du terrain. Ajoutons à cela que Kakuta n’est pas un numéro 10 (il semble avoir un profil plus proche de celui d’Anelka) et on se retrouve avec une animation du jeu ultra-pauvre dans l’axe. En outre, Griezmann et Sunu n’ont pas non plus des profils de créateurs, mais plutôt d’attaquants, ce qui n’a pas, là non plus, facilité le beau jeu. Enfin plutôt que de « beau jeu » j’aurais dû parler de « jeu efficace », car les français ont cherché le beau jeu, trop peut-être, au cours d’une première moitié de match durant laquelle ils étaient déjà bien trop dominés au milieu du terrain pour se permettre ces fantaisies et ce jeu en une touche de balle qui finissait toujours par aller trop vite pour quelqu’un. C’est d’ailleurs sur une perte de balle à hauteur du rond central du capitaine du soir, le Havrais Fofana, que les Espagnols vont crucifier les petits Bleuets sur un contre simple mais efficace, qui enverra, d’un magnifique exter’ du droit de 30m, Rodrigo Moreno (Real Madrid) tromper Diallo d’une frappe sèche à ras de terre. Après 45 minutes de jeu, le score est seulement de 1-0, et l’addition n’est franchement pas très salée pour des Français bousculés par des Ibères volontairement agressifs sur le porteur du ballon et très faciles balle au pied, à l’instar de leurs aînés.

Mais l’équipe de France a su retrouver ses esprits, comme ce fut le cas en demie contre les Croates qui, eux aussi, menaient 1-0. Francis Smerecki a vu, Francis Smerecki a agi : dès le retour des vestiaires, sortie de Griezmann, qui pourrait vite chopper le surnom de « Nouvelle Star » à Gourcuff, et entrée du Lyonnais Tafer, à qui le coach avait préféré Bakambu au coup d’envoi. Autre changement au niveau tactique, puisque les Bleus sont à cette occasions passés dans un 4-4-2 plus traditionnel, proche de celui utilisé par le PSG, mais en plus efficace (ben oui, à la fin les Bleus, eux, ils gagnent). Pourtant, même si le match a tendance à s’équilibrer dès les premières minutes après la reprise, les Espagnols restent dangereux, au point même de rater (merci Canales) le but du 2-0 une minute après le coup d’envoi. Pour les Bleus, il n’en fallait pas tant, et ce sont rapidement eux qui vont égaliser par Sunu sur un une-deux avec Tafer : tête du Gunner pour le Lyonnais qui lui remet dans la profondeur, s’ensuit un magnifique lob qui finit sa course au fond des filets. Le match se débride alors, et les Français, revigorés, font alors plus que jeu égal avec leur adversaire, là où ils avaient été inexistants en début de partie. Les Espagnols, ne parvenant pas à reprendre l’avantage, finissent alors par commettre la faute, celle qui va permettre aux Bleus de s’imposer : le contrôle orienté raté de Kakuta à 40m se transforme en auto-passe-en-profondeur qui permet (en plus d’une défense centrale assez passive) au joueur de Chelsea de se présenter en duel face au portier espagnol qui repousse la frappe, s’ensuit alors un centre dans le but vide qui trouve la tête de Lacazette, qui avait bien suivi et a bien failli, au passage se prendre un pied en pleine tête… 2-1 le match est plié, jamais la Rojita ne reviendra.

Et une deuxième bonne nouvelle aujourd’hui sur la planète foot, les petits Bleuets (allez, j’arrête) sont champions d’Europe, eux. La première ? Jean-Michel Larqué et ses petites phrases quittent TF1 d’un commun accord. Ce sont surtout les petites phrases qui vont nous manquer, le café crème, le porte manteau, la planche à repasser, le zig, le zag, la volée, la volée, et surtout les tournois amateurs des moins de 13 ans du Pays Basque. Tout un programme. David Astorga doit se frotter les mains, il va peut-être enfin monter en tribune se mettre au chaud plutôt que de se les peler pour donner, pendant 27 secondes montre en main la température de la pelouse… A moins que l’immense Alexandre Delperrier ne soit débauché de Direct 8… Non j’arrête là, ce type est encore plus insupportable. Heureusement, ce soir, Eurosport avait choisi de sacrifier l’athlé pour les Bleuets. Bon choix.

Alex.