Les chefs-d’œuvre de la littérature étrangère dans Gallica

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Visions de Quevedo : [estampe]
Source: Bibliothèque nationale de France

A l’occasion de son discours d’ouverture du Cours de littérature comparée du 17 décembre 1833 à la Sorbonne, « La littérature française dans son rapport avec les littératures étrangères au Moyen Âge », Jean-Jacques Ampère remonte aux origines de la littérature française du Moyen Âge. Il aborde la lente et infinie construction d’une littérature faite d’inspiration, de traces et d’appropriations des littératures antiques, celtiques, orientales et déclare : « Nous irons jusqu’au bord du Gange, chercher la patrie de ces fables que se sont passées de main en main l’Inde, la Perse, l’Arabie ; que des juifs ont traduites en hébreu, en grec et en latin ; qui, tombées enfin dans le domaine de la littérature vulgaire, sont devenues le patrimoine commun des diverses nations de l’Europe et dont la France, une des premières, a recueilli l’héritage ».

J.-J. Ampère évoque ensuite le parcours et l’influence de la littérature française sur les littératures d’Allemagne, d’Italie, d’Angleterre, d’Espagne et du Portugal. La traduction est le vecteur par lequel les littératures se comprennent, se nourrissent et se réinventent dans une réflexivité totale. Les grands auteurs se sont traduits et continuent de le faire, moins comme un exercice d’adaptation d’une langue à une autre, d’un mot à l’autre que dans un désir d’imprégnation intense visant à un universalisme de la langue et de la pensée. Elle représente pour Walter Benjamin « La survie » de l’œuvre littéraire (1), elle est pour Goethe « l’un des moteurs essentiels de la littérature mondiale » (2). Charles Du Bos présentait,  E. A. Poe comme « un américain de tradition française » et  Proust « comme un écrivain de tradition anglaise mais d’expression française », posant l’idée d’une « dénationalisation » des auteurs (3).

Le corpus des traductions des chefs-d’œuvre de la littérature étrangère reflète l’importance des traductions des textes étrangers pour l’enrichissement de la littérature française. On trouvera dans Gallica plusieurs centaines de nouvelles traductions parmi lesquelles celles d’écrivains comme Luis de Camoes, Johann Peter Hebel, Francisco de Quevedo, Henrik Ibsen, Alessandro Manzoni…

Catherine Aurerin. - Direction des collections, Département Littérature et Art

(1) W. Benjamin, « La Tâche du traducteur », in Mythe et violence, traduction de Maurice de Gandillac, Paris, Denoël, 1971.

(2) J. W. von Goethe, Divan occidental-oriental, traduction d’H. Lichtenberger, Paris, Aubier-Montaigne, s.d.

(3) D. Pernot, « Charles Du Bos et les littératures étrangères », in Littérature française au croisement des cultures (3e Colloque internationale de l’ADIREL, Paris-Sorbonne, mars 2008), Paris, Droz, 2009.