Soie thaïlandaise - Silk made in Thailand

Publié le 17 août 2010 par Letirailleur

Udonthani : Le coup de foudre d’un français pour la soie « Royal Thai Silk »

(Je remets en ligne cet article qui date de plusieurs mois, car suite à une mauvaise manipulation de ma part celui-ci avait été effacé)

Après un premier article fait sur le fil de soie, j’ai voulu savoir comment est fabriqué le tissu à partir de ce fil. A cette occasion j’ai rencontré Antoine, un français établi à Udonthani depuis 18 ans qui est fabriquant et exportateur de soie. Ça ne pouvait mieux tomber. Une visite de son entreprise fut programmée.

Je le remercie au passage de bien avoir voulu prendre sur son temps de travail trois bonnes heures à m’expliquer le processus et surtout à me donner la documentation nécessaire à la réalisation de cet article un peu compliqué dans ses termes techniques pour le néophyte que je suis. Merci Antoine.

 

 

Présentation de son entreprise.

Crées en 1992 à Udonthani dans le nord-est Thaïlande par Antoine, designer textile français, les ateliers de tissage Siam Matmee Ltd. sont spécialisés dans la confection de tissu de soies artisanales faisant appel à la technique de l'Ikat de trame selon l'ancienne tradition thaïlandaise du "Mudmee" (fils ligaturés avant teinture).

Cette tradition est répandue dans la région des pays du Mékong et plus particulièrement dans la région de l’Issan (nord-est de la Thaïlande).

Antoine a consacré son travail au service de diverses maisons de mode et de Haute Couture françaises, japonaises ou italiennes comme Giorgio Armani.

Le designer français et l’ensemble des techniciens thaïlandais de Siam Matmee Ltd. travaillent ici de concert, s’attachant par le biais de leurs travaux minutieux à approfondir la technique de l'Ikat sur soie. Leur tache contribue aussi à la promotion d’une qualité particulière de fil de soie, qualité reconnue unique par l'aspect authentique et le toucher particulièrement moelleux que celle-ci confère au tissu.

Le fil de soie utilisé pour l’ensemble de ses productions artisanales de tissage provient d’élevages villageois du nord-est de la Thaïlande, soie indigène, cocon fermier dévidé à la main au village (fil de nature non industrielle). Ce fil, qui se caractérise par les variations naturelles de son calibre, intervient dans chacune des créations originales résultant de motifs Ikat inédits produits dans les ateliers de tissage de la compagnie Siam Matmee Ltd.

Il est important de noter que Sa Majesté la Reine Sirikit de Thaïlande encourage depuis plusieurs décennies l’usage de cette qualité de fil produite au village pour le tissage des soies Mudmee (Ikat). Par le biais de sa fondation, Sa Majesté la Reine n’a cessé d’œuvrer à la préservation de l’héritage culturel que représente cet art traditionnel du tissage de la soie dans la région du Nord Est de la Thaïlande.

Plus récemment, l’Institut de Sériciculture de la Reine Sirikit créé en 2002 a mis en place l’attribution d’un logo apposé selon certaines conditions sur les meilleures soies produites et représentant l’emblème du Paon Royal. Cette forme d’estampille permet d’authentifier la spécificité de la soie thaïe en termes de qualité. [Sur ce sujet précis je vous renvoie à mon article classification de la soie]

La classification de la soie thaïlandaise.

http://udonthani-en-isan.over-blog.com/article-34350713.html

Les productions des ateliers de tissage Siam Matmee Ltd.

Dans un premier temps, l’on constate que chacune des réalisations issues des ateliers reçoit par le biais de l’Institut de la Reine le prestigieux logo du Paon d’Or (Royal Thai Silk - 100% pure soie indigène).

A l’origine la société Siam Matmee Ltd. s’est spécialisée dans la fabrication des articles suivants:

- Echarpes ikat (30/40 cm x 165/170 cm)

- Etoles ikat (50 cm x 170/175 cm)

- Châles ikat (100cm x 200/220 cm)

Noter que selon le motif, ces articles demeurent aussi parfaitement adaptables en décoration murale

Ensuite, la production de tissu au mètre (dans une largeur de 1 mètre maximum) pour l’habillement de luxe.

Aujourd’hui une nouvelle orientation s’est ajoutée à l’entreprise avec la fabrication de tissus de soie haut de gamme destinés à la décoration d’intérieur. Alors que celle-ci est toujours en cours de développement il apparaît de plus en plus évident qu’un partenaire déjà impliqué dans la partie textile et ayant de vastes possibilités de distribution dans le secteur haut de gamme serait à terme nécessaire pour l’entreprise.  

Dans un premier temps, Antoine a privilégié la fabrication de housses de coussin en soie ikatée (47 cm x 47 cm) ; accessoirement ceux-ci peuvent être accompagnés de la tenture murale (95 cm x 110-120 cm) rappelant le motif du coussin. Des articles tels que chemin de table et de lit, sont facilement développés (exemple : étole mais tissée plus longue et sans les franges) ainsi que d’autres tels que sets de table et petits sous verre carrés.  

L’Ikat

La technique de l’ikat est complexe et fut par ailleurs largement développée au japon sous le nom de « Kasuri » 

Parmi les créations des ateliers Siam Matmee, un grand nombre sont inspirées d’anciens motifs japonais « Kasuri » que l’on utilisait notamment autrefois dans la confection des kimonos les plus prestigieux. Le procédé de l’ikat implique une préparation méticuleuse des fils que l’on destine au tissage de la trame du tissu.

La fabrication.

L'usage ancestral du fil de soie pour la fabrication d'étoffes ikatées nécessite un traitement particulièrement délicat. Ceci implique une préparation méticuleuse des fils que l'on destine au tissage de la trame du tissu.

Dans les ateliers de tissage de la compagnie Siam Matmee Ltd. s’exécutent toutes les étapes d'un lent processus qui aboutit au tissage de l'Ikat sur le traditionnel métier à bras. A tous les niveaux du processus la main de l'homme s'exerce ici de façon prépondérante puisqu’il n’est pas nécessaire d’avoir recours à des équipements électriques sophistiqués.

Mais que de temps, de patience et de travail pour réaliser un produit. Par exemple, pour fabriquer une écharpe d’une dimension de 50 cm x 180 cm, il y a en amont au moins 20 heures de travail.

- 1er étape. Il faut dessiner le plan du motif ikaté, adapter les proportions et définir les couleurs, ça c’est le travail d’Antoine.

- 2e étape. Un cadre, de largeur correspondante à la largeur souhaitée du tissu, est mis en rotation pour permettre la réalisation d’une succession de cordelets à l’aide d’un fil de soie continu.

Quand la phase de rotation prendra fin, l’on aura obtenu un ensemble de cordelets et chacun d’entre eux respectivement composé de plusieurs dizaines de fils de soie réunis.

- 3e étape. En respectant le plan, chaque cordelet fera l’objet de ligatures selon une somme de points ou de segments de longueur variable. La configuration très précise des ligatures définit le motif qui apparaîtra plus tard au cours du tissage. Ces multiples ligatures sont destinées à préserver la couleur initiale du fil de soie (généralement claire ou même écru) au cours du bain de teinture qui doit suivre.

 

- 4e étape. Teindre le fil de soie et le sécher, ça c’est le travail des teinturières.

- 5e étape. Après séchage des cordelets (ensemble des fils de trame) et dénouement des ligatures, on récupère le fil de soie continu qui est alors devenu un fil ikaté teint en deux couleurs (ou parfois plus) selon les portions qui ont été préservées grâce au procédé de ligatures initialement opérées sur chaque ensemble de fil (cordelets)

- 6e étape. Ce fil teint ikaté sera récupéré pour être mis en bobine. De multiples petites bobines seront ainsi confectionnées à partir de ce même fil destiné à être la trame du tissu.

- 7e étape. Il faut enfin rattacher la chaine au peigne. Tous les fils sont raccordés entre eux un par un. Travail de minutie.

- 8e et dernière étape. Les multiples petites bobines de fil de trame alimenteront successivement la navette qui est lancée à la main au cours du tissage des pièces. Ça c’est le travail des tisserandes opérant ici sur de traditionnels métiers à bras.

Par interaction de la chaîne et de la trame du tissu, lentement et comme par magie, le motif Ikat se révèlera progressivement de lui-même.

Voici quelques réalisations à l’actif de l’entreprise d’Antoine.

Pour infos une étole est vendue aux environs de 1350 bahts soit environ 32 - 33 euros la pièce

Pour contacter Antoine : smatmee@hotmail.com

Précédents articles sur la soie :

Du papillon au fil de soie.

http://udonthani-en-isan.over-blog.com/article-25747013.html

La classification de la soie thaïlandaise.

http://udonthani-en-isan.over-blog.com/article-34350713.html

Exposition sur la soie à Udonthani

http://udonthani-en-isan.over-blog.com/article-36616184.html