Critique : "Karaté Kid"

Par Dime

KARATE KID

De Harald Zwart

Avec Jaden Smith, Jackie Chan et Taraji P. Henson


Mon avis : «««

Pour tout vous dire, lorsque j’ai appris que "Karaté Kid" aurait son remake, mon humeur ne fut pas à l’enthousiasme. Les fans de ce formidable (et maladroit) film culte ont tous en mémoire maître Miyagi et les entraînements drastiques visant à faire du petit Daniel un champion de karaté. Cette œuvre générationnelle a ouvert des portes aux ados en leur faisant découvrir la rigueur des arts martiaux. Vingt-six ans plus tard, voilà que la paire Ralph Macchio/Pat Morita est remplacée par Jaden Smith/Jackie Chan. Tout pour me déplaire... Car, voyez-vous, je ne suis pas un adepte du très moyen Jackie Chan et encore moins du pistonnage massif lié à la filiation. Le fait que Papa Will Smith et Maman Jada Pinkett Smith produisent ce remake à leur petit rejeton Jaden Smith m’horripilait au plus haut point. C’est donc à reculons et en pensant fustiger le film avec un sadisme fulgurant que je suis allé vers ce long métrage. Et la surprise me prit de court. Le cinéaste Harald Zwart s’affranchit sans complexe de l’original en mettant un accent intéressant sur le dépaysement. Ici, Dre prend la place de Daniel et se voit catapulter en Chine avec sa maman après le décès de son père. Décalage horaire, découverte d’une culture nouvelle, difficultés d’acclimatation... Entre tout cela, il vous faudra patienter pas moins de 50 minutes avant que l’entraînement ne commence. Avant la vraie castagne, le scénario donne le temps à chaque personnage d’exister, avec ses défauts-clichés et ses étonnantes qualités humaines. J’aurais inconsciemment aimé le critiquer mais Jaden Smith livre une performance totalement attachante. Juste dans la comédie et l’émotion, le jeune acteur prometteur se retrouve face à un Jackie Chan scotchant en figure cabossée et fantomatique. Ses fêlures permettent au duo de s’octroyer une densité émotionnelle qui faisait défaut à Daniel et Maître Moyagi. Sa prestation sobre -et intense (vous verrez quand)- a brisé la détestation que j’éprouvais à son égard. Bien évidemment, le film n’est pas dénué de ces maladresses inhérentes aux grosses productions américaines. En gommant le profil (beaucoup) trop enfantin du labeur, le cinéaste aurait sûrement gagné en viscéralité et réalisme. Qu’importe finalement ? On le comprend dès les premières minutes : la place est exclusivement réservée au divertissement. Et le divertissement est (presque) total. Un remake meilleur que l’original. C’est dit.