Non à la politique du pilori

Publié le 18 août 2010 par Sully

En cette période estivale, où les Français sont en vacances (de plus en plus souvent chez eux, faute de moyens financiers pour partir, mais c'est un autre sujet) la droite - et notamment des membres du gouvernement - accumule les discours stigmatisant les étrangers, sous couvert d'une pseudo volonté de sécuriser le pays. Embourbé dans une crise qui n'en finit pas, dans de sombres histoires d'appartements, de permis de construire, de cigares, de favoritisme fiscal, dans des réformes bancales (garde à vue, collectivités locales) et injustes (retraites), Nicolas Sarkozy voit l'élection présidentielle de 2012 se profiler dans un climat peu favorable.
Ayant peur de devenir le second Président sortant battu, le chef de l'Etat (enfin, de ce qu'il en reste) a décidé de renouveler la tactique chiraquienne de 2002. En mettant en avant les questions de sécurité, en attisant la peur des Français et la haine de l'étranger, Nicolas Sarkozy espère rassembler la f(r)ange la plus dure de son électorat et faire monter le Front national, afin de se retrouver au second tour face à Marine Le Pen plutôt qu'à Martine Aubry que les sondages donnent gagnante. Rappelons que le Président de la République est censé être le garant des institutions et de l'unité de la Nation. A jouer ainsi les boute-feu, non seulement il sort de son rôle mais il compromet gravement la pays qu'il dirige.
De nombreuses organisations associatives, syndicales et poltiques, dont AC !, Les Alternatifs, ATTAC, CFDT, CGT, Confédération Paysanne, Cimade, Cran, DAL, Emmaüs, Europe Ecologie, SUD Education, FSU, Fondation Copernic, France Terre d’Asile, Gauche unitaire, GISTI, Ligue des droits de l’Homme, Ligue de l’enseignement, Médecins du Monde, MRAP, NPA, PCF, PG, PS, RESF, SNESUP-FSU, SOS Racisme, Syndicat de la magistrature, Solidaires, ou encore Les Verts, on lancé l'appel suivant :

Face à la xénophobie et à la politique du pilori :
liberté, égalité, fraternité

Les plus hautes autorités de l’Etat ont fait le choix de jeter à la vindicte publique des catégories entières de population : Gens du voyage accusés comme les étrangers d’être des fauteurs de troubles, Français d’origine étrangère sur lesquels pèserait la menace d’être déchus de leur nationalité, parents d’enfants délinquants, etc. Voici que le président de la République accrédite aussi les vieux mensonges d’une immigration coûteuse et assimilée à la délinquance, et offre ainsi à la stigmatisation des millions de personnes en raison de leur origine ou de leur situation sociale.
Ce qui est à l’œuvre dans cette démarche ne s’inscrit pas dans le débat légitime, dans une démocratie, sur la manière d’assurer la sûreté républicaine. Le nécessaire respect de l’ordre public n’a pas à être utilisé pour créer des distinctions entre les habitants de ce pays et désigner des boucs émissaires. Ni pour instituer des peines de prison automatiques, contraires aux principes fondamentaux du droit pénal, à l’indépendance de la justice et à l’individualisation des peines.
La Constitution de la France, République laïque, démocratique et sociale, assure « l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ».
Nul, pas plus les élus de la nation que quiconque, n’a le droit de fouler au pied la Constitution et les principes les plus fondamentaux de la République.
Notre conscience nous interdit de nous taire et de laisser faire ce qui conduit à mettre en péril la paix civile.
Nous appelons à une manifestation le samedi 4 septembre 2010, place de la République à Paris, à 14h00, et partout en France, afin de fêter le 140e anniversaire d’une République que nous voulons plus que jamais, libre, égale et fraternelle.

Pour signer l'appel en ligne : http://nonalapolitiquedupilori.org/