Perdu dans ses souvenirs...

Publié le 22 août 2010 par Ladytelephagy

22 août 2010

Perdu dans ses souvenirs...

Quelle est la part de réalité de nos souvenirs ? Des bribes de réalité oubliée s'y sont-elles cachés ?

Si la série Capitu porte le nom d'une protagoniste, son héros reste Bento, le vieillard courbé par le poids des ans qui partage ses souvenirs, l'œil hagard et humide, la lèvre tremblotante. Ce clown triste tente de se souvenir... la belle histoire qu'il a vécue avec Capitu n'a-t-elle existé que dans sa tête ? Son fils est-il réellement son fils ? A l'automne de sa vie, rongé par le doute, le remords et les regrets, Bento nous fait entrer dans le théâtre de sa vie...

C'est donc l'histoire de Bento et Capitu, qui sont tombés amoureux dans leur prime jeunesse. Mais la mère de Bento, qui a eu toutes les peines du monde à enfanter, a promis l'âme de son fils à Dieu : il deviendra prêtre ! Bento est envoyé au séminaire, loin de celle qui le fascine tant... Éloignés, les deux tourtereaux finissent pourtant par se retrouver et se marier. Un happy end ? Non, le début de la tragédie.

Bento sera-t-il capable, simplement en revenant sur le passé, de trouver une issue au doute qui l'assaille ? La paternité de celui qu'il a toujours cru être son fils, Ezechiel, sera-t-elle éclaircie par le simple effort de mémoire que Bento fait devant nous ? Nous prenant à témoin, il implore notre aide... mais on ne peut probablement rien pour lui.

Capitu ne renie pas ses origines : la littérature et le théâtre.

Tout au long de la série, Bento griffonne à la plume ses souvenirs, comme pour mieux les saisir, comme pour leur donner plus de réalité. Mais en fait, il a conscience qu'ils lui échappent. L'émotion prend le pas sur le factuel. Encre encore luisante et mots qui crissent contre le papier... Bento capture désespérément l'insaisissable. Mais Bento ne se contente pas, surtout pas, d'être une voix off. Il promène sa carcasse décharnée et recroquevillée parmi les décors des scènes qu'il a jadis vécues, enfant, jeune homme... Maître de cérémonie d'une pièce qui ne joue que dans sa tête, et dont nous sommes les spectateurs privilégiés.

L'unité de lieu, les jeux de lumière... les costumes d'opéra de ses personnages : Capitu n'a pas honte de devoir sa forme au théâtre, au contraire, elle lui rend honneur, nous rappelle que nous sommes dans un monde fantasmé, pas tout-à-fait réel, pas tout-à-fait fictif.
Mais plus que cela, Capitu est un foisonnement de couleurs, de sons, de lumières, n'hésitant pas à mélanger les images d'archives, des découpages, des idées graphiques insensées et des plans directement inspirés du spectacle vivant dans toute sa forme, plantée au milieu d'un univers étrange fait de maquillages extravagants, d'appareils désuets et de robes corsetées. Irréel et pourtant émouvant à chaque seconde grâce à son frêle narrateur, Capitu est une claque pour moi, je ne vous le cache pas.
Et pourtant, je ne parle pas un traitre mot de Portugais, alors, allez savoir, peut-être suis-je totalement à côté de la plaque ?

Pour en juger par vous-mêmes, voici un extrait du premier épisode, lorsque Bento commence à rappeler les premiers souvenirs qu'il a de Capitu, et qu'elle l'entraîne sur le chemin du passé. Passage dépourvu de dialogue, vous dépouillant par la même occasion de toute raison de refuser de le regarder...

Je vais être sincère avec vous : s'il y a 10 personnes qui commentent ce post (ou plus), ça va finir en La preuve par trois.

Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Capitu de SeriesLive.

Capitu