Infrarouge

Publié le 23 août 2010 par Lorraine De Chezlo
de Nancy Huston
Roman - 300 pages
Editions Actes Sud - mai 2010

Rena, la quarantaine, reporter-photographe, vit à Paris. Cette semaine, elle quitte son amour Aziz et rejoint son père et sa belle-mère Ingrid, à Florence, pour leur faire découvrir les merveilles de la cité toscane. Visites parfois rendues pénibles et pathétiques par l'inculture et le désintérêt d'Ingrid. Alors, nostalgique de la sensualité de son amant, un rien la ramène à ses rêveries charnelles, à ses fantasmes qu'elle livre en confidence à Subra, son amie imaginaire mais toujours attentive.
On suit alors Rena dans ses pérégrinations, dans ses déambulations florentines. Au risque de trouver monotones les innombrables visites des monuments et des musées, les récurrentes descriptions des différentes sculptures romaines (sûrement passionantes si on les a admirées dans sa propre vie de lecteur amateur d'art). Au risque aussi de trouver répétitifs les instants d'évasion sensuelle que Rena s'accorde chaque jour.Si le risque est évité par l'intérêt des anecdotes, des divagations, par l'épaisseur des personnalités décrites, par l'appréciation des lieux et des scènes, alors la lecture est sauve. Pour moi il s'en est fallu de peu.
Extrait :"Rena reste un moment au lit, les yeux fermés, à respirer l'air de Florence et à se répéter tout bas : Toscane, Renaissance, beauté.De la rue dehors lui parvient le rire d'un petit enfant, un vrai éclat de rire, étincelant et liquide comme une petite cascade - ah! le mot rigole a été inventé pour ce rire-là !Raconte, dit Subra... Le rire de Toussaint quand il courait sur le trottoir à l'âge de deux ans, main gauche dans la main droite d'Alioune, main droite dans ma main gauche."
En fait c'est tout le contraire. Ce roman est complètement séducteur, il nous captive par ses petits riens extraits des souvenirs, par ses douleurs, par son discours sur la vie, la famille. Jamais d'ennui. Beaucoup d'émotions, d'empathie pour cette Rena que l'on prend plaisir à écouter et à voir se démener dans cette Toscane en compagnie de deux presqu'étrangers. Je remercie vraiment Nancy Huston de faire cohabiter dans un même roman l'évocation d'un concert de Fela Kuti, une ballade aux Buttes-Chaumont, une séance de hammam, les émeutes des banlieues d'octobre 2005, la corniche de Dakar, et des passages sensuels crus mais superbement écrits...Décidément une écriture ouverte à tous les horizons de par le personnage principal de Rena qu'il expose. L'avis de la ruelle bleue - La ruelle bleueL'avis de Littérama - Littérama