Le vrai Jack London, par Johann Hari

Publié le 25 août 2010 par Jcgrellety
"Les États-Unis possèdent l'étonnante faculté de transformer leurs radicaux les plus enragés, les plus explosifs, en inoffensifs eunuques. La métamorphose commence à l'heure de la mort. Ainsi se souvient-on de Mark Twain comme d'un plaisantin aimant à descendre le Mississippi dans le soleil couchant, quand ses attaques contre un empire américain accouché dans le sang sont passées à la trappe de la mémoire. De Martin Luther King, on retient ses envolées poétiques sur les enfants se tenant par la main sur les collines de l'Alabama, pas ses sorties contre le gouvernement américain, qu'il traita de «premier pourvoyeur de violence dans le monde». Mais la plus grande castration historico-littéraire est peut-être celle infligée à Jack London. Alors que cet homme, apôtre de la rébellion violente et de l'assassinat politique, fut l'écrivain socialiste-révolutionnaire le plus lu de l'histoire des États-Unis, ne semble subsister de lui qu'un gentil récit canin. Un peu comme si, dans un siècle, ne subsistait des Black Panthers que leurs fantaisistes coiffures afros.

La mort avant la vie

Pourtant,