Eric Burdon & the Animals + Ganashake au Centre Culturel René Magritte à Lessines, le 25 août 2010

Publié le 25 août 2010 par Concerts-Review

Initialement prévu sous chapiteau, le concert Boogietown  est déplacé au CC en dernière minute.
La salle de gym sera rapidement transformée en sauna, tout bénéfice pour les pompes à bière tournant à plein régime.
20:05' tu attends ton sésame ouvre toi aux caisses d'où tu peux entendre les premières salves bluesrock de

Ganashake


Ce jeune blues/roots trio de Erps-Kwerps, fondé en 2009, est le nouvel espoir du blues belge.
Ils furent à l'affiche de nos plus grands festivals : Peer en 2009 et 2010, Gentse Feesten, Gevarenwinkel... , leur EP a été produit par JM Aerts et, ils sont aussi populaires au nord et au sud du sillon Sambre et Meuse.
Jess Jacob (zang/gitaar) -Sander Goethals (bas) -Bert Minnaert (drums) n'ont pas attrapé un dikkenek et se donnent à fond à chaque gig.
Leur mix de shuffle, swing, rock, funk, slowblues fait mouche à tous les coups. Le public, plus tout jeune( des rescapés des sixties), ne s'y est pas trompé et n'a pas ménagé ses applaudissements.
'Strings & Things' hyper funky -'Cherry red lips' - ' Special sauce'.... du bluesrock aussi sanglant que celui de Rory Gallagher, tu retrouves l'énergie de Taste ou du Cream dans leur power blues.
Un 'If you believe' vigoureux, Bert a décidé qu'une séance striptease s'imposait et se débarrasse de son T-shirt pour marteler caisses et cymbales.
Jess se tape un joli numéro de slide et de vibrato pendant un instrumental crapuleux.
Terrible version du 'Ain't nobody's business ' de Freddie King, Magritte en perd sa pipe.
Un Hound Dog Taylor, 'Gimme back my wig', le blues préféré d' Helmut Lotti.
Et le trio termine par 'Graveyard Shuffle', avant d'enterrer le matos.

Ganashake, des fossoyeurs compétents, corpses are gonna shake in their graves!


Longue pause avant:  Eric Burdon & the Animals.
Les discussions vont bon train: qui sont ces Animals, dans quel état sera Eric, et la setlist?
Sentiments divers: craintes et espoirs fous se frôlent.

21h30' l'organisateur annonce: pas de photos sauf pour les pros munis du bracelet et uniquement pendant les trois premiers titres.
Arrivée du band , tu peux voir le bedonnant Burdon en coulisses, armé d'une tasse de thé.
Une jeune dame doit le guider sur scène, sa démarche est hésitante.
Bordel, c'est pas possible, on l'a sorti de la maison de repos.
Ivan Nervous Shakes, Catherine la Grande, Luc Toogenblik ...on se regarde, on a du mal à ne pas s'étrangler.
Eric s'empare du micro ...
The rooms were so much colder then.
My father was a soldier then.
And times were very hard.
When I was young....
Un titre qui prend tout son sens quand tu sais que cette légende se tape 69 printemps.
Encore un peu hésitant, mais petit à petit la voix s'impose et, musicalement, il a pas choisi des clowns!
Le fantastique Red Young aux keyboards (dont un Hammond royal) , ce crack a joué avec Sonny & Cher, Freddy Fender, Willie Nelson, Noël Redding, Linda Ronstadt, Dolly Parton.... il nous a fait pisser dans notre froc avec ses interventions géniales, salaud!- Brannen Temple aux drums - à la basse, un autre glorieux vétéran, au palmarès éloquent: Terry Wilson. Ce gars a accompagné Paul Kossoff ou Townes Van Zandt - Billy Watts, des Mojo Monkeys, à la guitare .

Gros hit des Animals, en 1966:' Don't bring me down', ça y est, le thé a agi bénéfiquement sur les cordes vocales du boxeur, tu retrouves toute la puissance du shouter de Newcastle.
Et le show va devenir immense!
'Don't let me be misunderstood', j'en tremble encore.
Peux juste vous dire: bonswar et meuci bôcouuu... en français, the only language I know is broken English, I like things that are broken et il nous balance un 'San Franciscan Nights' stupéfiant.
'Red Cross Store'(Mississippi Fred McDowell), un titre récent (2006) gravé sur 'Soul of a man', magical organ et slide des bayous.
De la bombe, ce truc!
'I don't want to be a soldier ' John Lennon...mama, I don't wanna die..veux pas être avocat, non plus, veux pas mentir...ni curé, mama.... une version plus noire que noire.
Une longue et juteuse intro à l'Hammond B-3 pour le 'Believe to my soul' de Ray Charles.
Du rhythm'n blues purulent, le thermomètre de René indique 59°C et pourtant tu trembles, ton dos est parcouru de frissons.
Ce vieillard, à l'allure de bonhomme Michelin, a la salle à ses pieds.

'Boom boom' ...I'm gonna shoot you right down...mais on est déjà tous morts, mec!
Quand Burdon a le bourdon il rocke vachement sec.
Le délire avec l'enragé 'It's my life', and I'll do what I want.... les mods sont pas contents, ils le gueulent haut et fort.
Du blues: Memphis Slim 'Mother Earth', à nouveau un tout grand numéro de Red Young.
Il tue, ce gars.
I just love Tina Turner, nous aussi, petit, nous aussi: un démentiel 'River Deep, Mountain High' .
Espiègle, tonton Eric, nous pique une crise Freddie Mercury et pousse une pointe cantatrice obèse.
Fabuleux showman.
Une acoustique, on la sent venir celle-là: 'House of the rising sun'.
La version ultime, elle écrase les 153789 autres.
75' de bonheur intense.
Toute la salle, jeunes, quadragénaires, troisième âge, grabataires et mourants, en ébullition.
S'en vont en nous laissant le black aux drums, qui attaque un petit solo presque jazzy sous nos applaudissements nourris.
Une à une les bêtes rappliquent et s'attaquent à un white soul funky, en attendant le bon vouloir du patron.
Il s'amène, en douce, en sirotant un pinard, clameur gigantesque!
'We gotta get out of this place', le CC tremble aux sons de cet hymne révolutionnaire, gueulé par 500 voix furieuses.
De la dynamite. Malin comme un singe, le chef des animaux y introduit le 'Why can't we live together' de Timmy Thomas pour reprendre l'icône des sixties...faut qu'on se tire d'ici, baby, there's a better life for me and you....
Quel mec, quel concert!