Même si je ne savais trop quoi en attendre, je croyais sincèrement que je pouvais m’éclater devant Expendables. Je pensais sincèrement que cela pouvait être haletant, jouissif, drôle, musclé, bref un bon petit trip ciné. Quel naïf j’ai été. Le film de Stallone n’est ni plus ni moins qu’un gros nanar pas bon. Et par gros nanar pas bon, j’entends un nanar qui n’a même pas le charme des films tellement à côté de la plaque qu’ils sont réjouissants. J’entends un nanar qui n’a même pas conscience d’en être un. J’entends juste un film raté. Un mauvais film.
Rétrospectivement, je me dis que ce cher Jean-Claude Van Damme, qui m’avait déçu à l’époque en refusant d’apparaître dans le film (certains disent qu’il ne voulait pas se faire botter les fesses par Jet Li, d’autres qu’il pensait que le scénario était faiblard et que Stallone ferait mieux de jouer un prêtre sortant les jeunes de la drogue…), eh bien il avait raison. Il avait raison, JCVD, de ne pas vouloir apparaître dans le film (même si depuis le carton au box-office, il serait enclin à apparaître dans la suite… Aaaah, Jean-Claude…), parce qu’effectivement, Expendables donne l’impression d’avoir été écrit sur un coin de table entre le dessert et le café.
Mais qui dit hommage dit également œil neuf. Recul. Second degré. Car il est impossible – du moins sans intérêt – de réaliser en 2010 un film avec une synopsis pareil sans second degré. C’est pourtant l’erreur monumentale que commet Stallone. Expendables, c’est peu ou prou un film de Chuck Norris de 1986, qualitativement parlant, que ce soit au niveau du scénario ou de la mise en scène. Sans déconner. Certes Stallone a plus de budget, mais pas beaucoup plus de talent. Par où commencer le listing de ce qui tombe à l’eau ?
Parlons du second degré, car j’en entends déjà dire « Nan mais tu déconnes, c’est bourré de second degré ce film, c’est génial ». Non. Expendables n’est pas bourré de second degré. Il est bourré de premier degré. Le second degré, ce n’est pas faire des clins d’œil aux anciennes gloires du genre, en mettant Bruce Willis et Schwarzenegger dans une scène commune en cameo avec une ligne de dialogue (horriblement pas drôle, faisant référence à leur passé). Quelques petites vannes et clins d’œil ne font pas du second degré. Le second degré doit être inscrit dans l’ADN du film. Il doit se balader tout du long, il doit être présent même lorsqu’on ne le sent pas (pensez Night and Day, la récente parodie de film d’espionnage / action ultra plaisante de James Mangold).
Or, Expendables ne veut jouer la carte du second degré que lorsque ça l’arrange. Le reste du temps, c’est lourd, lourd et re-lourd, sans arrière pensée. C’est Jason Statham qui tire la tronche parce que sa nana s’est collée au lit avec un gros balourd qui la cogne, qui va donc s’en prendre une en représailles. C’est la jolie contacte sur place qui a des couilles et fait craquer le Sly même si elle a l’âge d’être sa petite fille. C’est le gros méchant gringo de la CIA qui fait pousser sa drogue dans les champs du pauvre dictateur qui en fait n’est pas si méchant que ça, c’est pas tant sa faute que ça si il est instrumentalisé.
Bon évidemment, il serait facile de tirer sur la qualité de l’interprétation. On sait bien qui l’on vient voir en entrant dans la salle, on sait que Daniel Day-Lewis ne tient pas de rôle, que Philip Seymour Hoffman ne va pas faire une apparition, que Casey Affleck ne tiendra pas le flingue. Mais tout de même, on était en droit d’attendre autre chose de la distribution. La faute, à n’en pas douter, à des dialogues plats et des personnages sans aucun relief. Mais cela n’aide pas d’avoir des anciens catcheurs qui ne savent pas jouer, un Stallone essoufflé qui ne sait pas quoi faire de son personnage, et des seconds rôles qui font de la figuration plus qu’autre chose.
Non, décidément, je n’ai pas envie de défendre Expendables, je n’ai pas envie de défendre Stallone. L’intention était louable, le projet fun, mais il ne suffit pas de prendre une poignée d’acteurs bastonneurs, un vague synopsis déjà vu cinquante mille fois, et d’ajouter de la pyrotechnie, pour rendre un hommage fun et vibrant à ce genre en désuétude qu’est le film d’action à gros bras. Ah, Chuck ! Que n’étais-tu pas là pour conseiller Sly de rajouter de-ci de-là quelques dialogues bien léchés qui m’auraient tordu de rire sur mon siège !