Problème “rom” : quelques éléments pour y voir plus clair

Publié le 29 août 2010 par Livmarlene

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En cette fin d’été, on n’entend parler que de quotas d’expulsions et de recours d’associations. Comme beaucoup de gens, j’avais de la question une connaissance très lacunaire donc je me suis documentée un peu. Résumé de la situation.

D’abord, faut pas mettre tous les itinérants dans le même panier à salade. Les roms sont une communauté nomade originaire d’Europe de l’Est, essentiellement de Roumanie et de Bulgarie. Ils circulent et installent leurs camps sans autorisation expresse.

Mais en tant que ressortissants d’Etats membres de l’EEE (espace économique européen), ils disposent malgré tout d’un droit de circulation.

Dans notre pays, Leurs conditions de vie sont très difficiles.

En Roumanie et en Bulgarie, leur situation est encore pire et le rejet qu’ils inspirent, encore plus violent. Il y aurait même déjà eu des lynchages mortels.

Ici, on n’aime pas beaucoup leur façon de jouer du violon ou de l’accordéon dans les rues et les transports publics. Mais comme à l’embauche d’un étranger, toute entreprise française doit s’acquitter d’une taxe supplémentaire, les roms ne trouvent pas de travail et doivent continuer de nous casser les oreilles (car la plupart d’entre eux n’ont aucun accès aux aides et couverture sociales).

Pour les mélomanes, les raisons d’expulser les roms peuvent paraitre évidentes. Mais quelles sont celles qui poussent les politiques à vouloir le faire ?

Quatre arguments principaux à cette détermination si décriée :

- Eradiquer les bidonvilles (sur le principe, cela se comprend).

- Se débarrasser de la petite délinquance (vols, agressions) dont certains d’entre eux sont responsables.

- Eviter la mendicité, notamment avec enfants. En 2005, un délit de mendicité avec enfant a même été créé, lequel est passible de plusieurs années d’emprisonnement. Sauf que les prisons françaises, en plus d’être vétustes, sont déjà surpeuplées.

- Eviter la création d’un “appel d’air” qui encouragerait encore plus d’immigration de ce genre, qui finirait par causer une augmentation de la fréquence des troubles auditifs chez les français et coûterait donc de l’argent à la sécu qui n’en a plus. (Mais ferait exploser le cours des actions Audika !)

Et même si l’Europe a produit plusieurs textes en faveur du mode de vie itinérant, notamment grâce au travail de deux eurodéputées d’origine rom (entre 2005 et 2007), un principe dit de subsidiarité donne la priorité aux textes et actions des entités les plus petites. Pour faire simple, tant que les Etats peuvent gérer un problème, ils sont libres de le faire. L’Europe n’intervient qu’en soutien si un Etat est dépassé par les évènements.

Comme la France et la Roumanie ont conclu des accords bilatéraux, les retours au pays d’origine, (autrement appelés expulsions) sont parfaitement légaux.

Du coup, pour emballer un peu mieux les colis, le gouvernement français propose aux roms un “retour volontaire au pays d’origine”, assorti d’une aide financière (300€ pour un adulte et 100€ par enfant). Et c’est là que l’opinion publique se fâche. Pour éviter que certaines personnes ne fassent de cette aide au retour une source de revenus réguliers en répétant les allers retours entre la France et l’Europe de l’Est, le gouvernement veut ficher les roms bénéficiaires de l’aide. “Fascistes ! Nazis !” Les compliments fusent, à tel point que même l’ONU menace d’en toucher deux mots à L’Europe, trouvant que les récents renvois collectifs ressemblent trop à du racisme. Pauvre Brice H., pauvre Eric B. Dès qu’ils font ou disent quelque chose, tout le monde leur tombe dessus...

Finalement, la France doit-elle expulser les roms ?

Vous le voyez, la question est éminemment compliquée. Je ne suis pas dans le secret des comptes publics, pour savoir à quel point notre beau pays est dans la mouise.

Mais la France se plaît à véhiculer l’image d’une terre d’accueil. (Rappelez-vous les récents renvois d’Agfhans à Kaboul, ville sûre s’il en est.)

D’un côté, c’est vrai qu’on n’est pas toujours rassuré devant ces groupes aux manières un peu cavalières. J’avoue ne pas être hyper ravie quand une jeune rom arrive avec sa raclette à vitres pour faire un coeur en mousse sur mon pare-brise tout propre dès que je suis coincée à un feu rouge.

D’un point de vue plus général, dans la situation de crise actuelle, la France n’a peut-être pas la capacité d’absorber correctement plus d’immigrants, sachant que le marché du travail est déjà plus que saturé et que la croissance peine à en finir avec la brasse coulée.

MAIS a-t-on le droit de renvoyer des familles vers des pays où leur situation sera encore plus précaire, où les réseaux mafieux sont autrement plus développés que chez nous ?

Vu l’hostilité qui monte envers eux, les roms qui acceptent le “retour volontaire au pays” se disent sans doute qu’il vaut mieux accepter un peu d’argent que partir sans rien lorsqu’il ne sera plus question que d’expulsions.

Où qu’ils aillent, les roms sont considérés comme des indésirables. Certes, il y a bien des associations qui tentent d’apporter de l’instruction aux enfants et d’aider les familles à vivre décemment. Mais quand à l’échelle d’un Etat, des décisions sont prises, tout ce travail est balayé d’un revers de main.

Si le principe de subsidiarité n’avait plus cours, au moins dans ce cas-là, les pays européens ne pourraient plus se renvoyer la vieille chaussette en boule. Ils devraient trouver ensemble une solution pour insérer les roms professionnellement et socialement dans l’Europe, tout en respectant leur identité et dans la mesure du possible, leur mode de vie, parce qu’on n’est pas des sauvages qui veulent formater tout le monde à notre image (quoique). Mais ouuula, on n’en est pas là, alors bon voyages, les amis !

Pour en savoir plus sur ce sujet passionnant, voici quelques liens intéressants :

LaVieDesIdees.fr

LeFigaro.fr

LeMonde.fr

LePost.fr

KouchnerEtlONU

RomsEtRoumanie

LeMondeDiplomatique