Anthologie permanente : Novalis

Par Florence Trocmé

Laurent Margantin publie aux éditions publie.net une traduction nouvelle, accompagnée de notes des Grains de Pollen de Novalis.  

Certaines interruptions ressemblent aux gestes d’un joueur de flûte qui, pour produire différents sons, bouche cette ouverture-ci ou celle-là, et semble enchaîner des ouvertures sourdes et sonores de manière arbitraire. 

Gewisse Hemmungen gleichen den Griffen eines Flötenspielers, der um verschiedene Töne hervorzubringen, bald diese bald jene Öffnung zuhält, und willkürliche Verkettungen stummer und tönender Öffnungen zu machen scheint. 
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18 
Comment un homme peut-il avoir du sens pour quelque chose s’il n’en n’a pas le germe en lui ? Ce que je dois comprendre doit se développer organiquement en moi ; et ce que j’ai l’air d’apprendre n’est que nourriture, incitation de l’organisme. 
18 
Wie kann ein Mensch Sinn für etwas haben, wenn er nicht den Keim davon in sich hat? Was ich verstehen soll, muß sich in mir organisch entwickeln; und was ich zu lernen scheine, ist nur Nahrung, Inzitament des Organismus. 
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37 
L’esprit n’apparaît jamais que sous une forme étrangère et aérienne. 
37 
Der Geist erscheint immer nur in fremder, luftiger Gestalt. 
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47 
Là où domine un véritable penchant à la réflexion, et pas simplement à penser telle ou telle pensée, il y a progressivité. Beaucoup de savants ne possèdent pas ce penchant. Ils ont appris à conclure et à déduire, comme un cordonnier a appris à fabriquer des chaussures, sans jamais faire la découverte d’une idée, ou sans faire l’effort de trouver le fondement des pensées. Le salut ne se trouve pourtant pas sur un autre chemin. Chez beaucoup, ce penchant ne dure qu’un temps. Il augmente et puis décroît, très souvent avec les années, souvent avec la découverte d’un système qu’ils ne cherchaient que pour se libérer un peu plus du labeur de la réflexion. 
47 
Wo echter Hang zum Nachdenken, nicht bloß zum Denken dieses oder jenes Gedankens, herrschend ist, da ist auch Progreßivität. Sehr viele Gelehrte besitzen diesen Hang nicht. Sie haben schließen und folgern gelernt, wie ein Schuster das Schuhmachen, ohne je auf den Einfall zu geraten, oder sich zu bemühen, den Grund der Gedanken zu finden. Dennoch liegt das Heil auf keinem andern Wege. Bei vielen währt dieser Hang nur eine Zeitlang. Er wächst und nimmt ab, sehr oft mit den Jahren, oft mit dem Fund eines Systems, das sie nur suchten, um der Mühe des Nachdenkens ferner überhoben zu sein. 
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Tout objet aimé est le centre d’un paradis. 
 
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Jeder geliebte Gegenstand ist der Mittelpunkt eines Paradieses. 
Novalis, Les Grains de Pollen, éditions publie.net, 5, 99 € (téléchargement), traduction nouvelle et notes de Laurent Margantin 
On peut lire en ligne, en accès libre, la préface de Laurent Margantin. 
Version originale (Blütenstaub