Une lettre banale

Publié le 02 septembre 2010 par Malesherbes

Cette fois-ci, l’innocent Woerth a bien été pris les doigts dans le pot de confiture. Mais l’homme qui ne ment jamais ne s’avoue pas vaincu : il ne s’agit que d’une lettre banale, dont il ne se souvenait même plus. D’ailleurs, tous les députés écrivent tous les jours des lettres comme celle-ci, recommandant à on ne sait qui, un quidam qu’ils ne connaissent même pas, pour on ne sait quoi, sans même vérifier qui il était et quels distingués services il avait rendus. Cela génère même un tel volume de correspondance que les députés doivent engager des secrétaires qui rédigent ces lettres de leur propre autorité, les glissent dans le classeur « à signer » et que ces malhereux députés surchargés revêtent de leur paraphe en toute confiance. Imaginez, pour notre Woerthueux Woerth, député, maire, trésorier de l’UMP, président de l'Association de financement pour la campagne de Nicolas Sarkozy, ça fait du boulot !

Si l’on y regarde de plus près, cette recommandation est pour le moins étrange. Sur le contingent d’un Ministre de l’Intérieur, on trouve généralement des préfets, des maires ou leurs adjoints, des commissaires ou commandants de police, des pompiers, des religieux mais je ne pense pas qu’avant l’honorable Patrice de Maistre, on y ait déjà trouvé des conseillers financiers. Pourquoi donc M. Sarkozy, candidat à la Présidence de la République s’est-il penché avec bienveillance sur la décoration d’un homme si étranger à son ministère ?

Deuxième sujet d’étonnement, cette lettre banale serait à l’en-tête de l’Association de soutien à la candidature de Nicolas Sarkozy et signée par Eric Woerth, Président de cette même association qui, autre élément fortuit, est également trésorier de l’UMP. De mauvais esprits, dont bien évidemment nous ne sommes pas, auraient vite fait de conclure que l’efficace participation de M. de Maistre à la campagne de Nicolas Sarkozy lui a valu d’être recommandé par le trésorier Woerth. Il aurait ainsi, pour prix (c’est le cas de le dire) de ce soutien,  obtenu une légion d’honneur avec une justification plutôt acrobatique. Quelque temps après, recevant Madame Woerth pour la conseiller sur sa carrière, ignorant naturellement qu’il s’agissait là de l’épouse d’un ministre si obligeant, séduit par l’éclat de son curriculum vitae, M. de Maistre l’a aussitôt embauchée pour un salaire de misère. Tous ceux qui verraient dans cet enchaînement autre chose que le résultat de hasards ne sont que méchantes gens acharnées à sonner l'hallali pour un pauvre cerf aux abois et nous les conspuons avec la dernière énergie.